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Synode sur la synodalité : Errare humanum est…

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Du 2 au 27 octobre 2024 se déroule à Rome la troisième et dernière phase du Synode sur la synodalité, qui est parfois également nommé Synode sur la vie de l’Église, ou Synode sur l’avenir de l’Église.

Voulant m’intéresser un peu à cet évènement qui approche, je suis allé regarder les divers documents mis à disposition et notamment l’Instrumentum laboris. Cherchant l’origine de la démarche et de l’appellation « Église synodale », la référence est un discours du pape François en 2015 pour le 50ème anniversaire du synode des évêques, ainsi qu’un document publié en 2018 par la Commission théologique internationale sur la synodalité dans la vie et la mission de l’Église.

Ces deux documents font référence à une citation de saint Jean Chrysostome :
-> le pape François dit : « comme dit Saint Jean Chrysostome, “Église et Synode sont synonymes” »
-> la Commission théologique internationale affirme : « Saint Jean Chrysostome, par exemple, écrit que “l’Église est synonyme de ‘faire chemin ensemble’ ” (σύνοδος) »

La citation vient de Explicatio in ps 149 : PG 55, 493. Et ils mentionnent en note un dictionnaire de Patristique grec (1968) de G. Lampe, un théologien anglicain, qui les a aidé semble-t-il dans leurs recherches.

Un peu de grec

Étant un peu curieux, j’ai étudié le texte de saint Jean Chrysostome, et l’article en question du dictionnaire. Leur lecture n’a pas manqué d’intérêt ni de surprises, et montre que ce Père grec considère l’Église surtout comme symphonique, avec l’analogie du chant, et non pas tant comme synodale, avec une synonymie autour de la marche. Pour en être sûr, j’ai fait confirmé mon analyse par un ami théologien et professeur de grec. Telle est l’origine de cet article. Je le partage d’autant plus volontiers que l’intention du Synode semble être que tous puissent échanger librement en Église en toute charité.

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Un questionnement théologique

L’article suivant pose trois questions :

Première question : Le Père est-il est un Foyer d’Amour ? Et donc la Trinité est-elle une Communauté de Foyers d’Amour ?

Deuxième question : Les anges ne sont-ils pas chacun des foyers d’amour ?

Troisième question : Notre vocation du Ciel n’est-il pas de reproduire le modèle de la Sainte Famille ?

Ce questionnement peut paraitre osé et inattendu. Cependant, outre l’avantage de nous conduire à élever nos regards vers les réalités d’en-haut, semblent à plusieurs théologiens très pertinents.

À chacun de se faire un avis, et au magistère d’étudier, puis de discerner ce qu’il faut retenir de tout cela.

Le christianisme a-t-il déjà tout dit ?

Certains s’imaginent que oui, et qu’ils connaissent tout ce que le christianisme a à dire. Soit pour le dénigrer en pensant qu’il n’en sortira plus rien de bon. Soit pour le magnifier en ressassant toujours les mêmes choses sans arriver à transformer le monde.

Si nous nous mettons attentivement à l’écoute des Écritures et de la Tradition, nous comprenons que tout a été révélé en Jésus-Christ, mais que tout n’a pas encore été dit, ou explicité. Jésus a encore des choses à nous faire comprendre. Les premiers chrétiens ont peut-être vécu et perçu tout cela en plénitude. Nous ne pouvons pas en dire autant des générations suivantes. Et il faudra parcourir tout le chemin de l’histoire pour tout retrouver.

Les trois questions suivantes en témoignent. Elles ont laissé perplexes plus d’un théologien, et semblent vraiment pertinentes. Et pourtant, l’Église ne s’y est pas intéressée au cours des 2000 dernières années. Ou plutôt, tout en percevant qu’il y avait là quelque chose à chercher, elle n’a pas encore exprimer clairement ces questions comme ici, ni chercher à y répondre réellement.

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Montre-nous le Père, cela nous suffit !

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (14, 8-14)

Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »

Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?

Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.

Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.

Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.

Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai.

Commentaire

Qui est le Père pour chacun de nous ?

On dit qu’il est amour, miséricorde, tendresse… Mais il est très difficile de se le représenter, et de Le percevoir tel qu’il est réellement. Et ces attributs d’amour, de miséricorde et de tendresse peuvent être mal interprétés et devenir abstraits. À tel point que le visage de Dieu peut s’obscurcir dans nos cœurs, autour de nous, et en ce monde, alors même que l’on prétend parfois le chercher, le suivre et le servir.

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La foi

Icône de Jésus et de la parabole du Semeur

« La foi est la substance des choses que l’on espère, une conviction de celles qu’on ne voit point. » (He 11, 1)

Comment définir la foi ? Pour certains, il s’agit de vérités à croire. Pour d’autres, d’un sentiment de vivre avec Dieu, ou d’une confiance en Dieu d’être sauvé. On dit que la foi donne une loyauté cultivée par le Saint-Esprit et elle permet de déplacer les montagnes.

Le Catéchisme de l’Église catholique dit au numéro 150 : « La foi est d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu ; elle est en même temps, et inséparablement, l’assentiment libre à toute la vérité que Dieu a révélée. »

La foi est donc une adhésion à Dieu, une adhésion à l’irruption de la vie divine dans nos vies. Il ne s’agit pas d’adhérer à un Dieu lointain. Mais d’être rejoint au cœur de nos vies par la vie divine qui nous dépasse complètement, et nous entraîne dans une relation d’amour avec ce grand Dieu Trinité qui nous aime d’un amour ardent.

Cette vie divine est en même temps vérité, car elle nous dévoile qui est Dieu, et nous demande de Lui donner notre assentiment. Et elle est aussi chemin, car elle nous entraîne dans ses mouvements de vie et d’amour. « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » a dit Jésus (Jn 14, 2-5).

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Mais qui sont les anges ?

Qui n’a pas croisé, intrigué, une de ces créatures ailées au détour d’une histoire, d’une œuvre d’art ou accrochée dans un coin d’une église ou d’un bâtiment ? Tantôt petit et joufflu comme un bambin. Tantôt en armure de guerrier et terrassant un dragon. Tantôt lumineux et flamboyant. Parfois veillant sur nous et nous soufflant de bonnes idées.

Les anges, avez-vous dit ? Il est vrai que nos aînés du Moyen-Âge auraient été moins surpris d’en croiser un au milieu d’un bois ou en levant les yeux au ciel, que de découvrir un de nos engins vrombissants, qu’il soit terrestre ou aérien. Dans une tendre naïveté, beaucoup pensaient même que le monde au-delà de la Lune était leur demeure. C’était eux qui faisaient bouger les sphères célestes faites d’éther, une autre matière que celle d’ici-bas et non soumise au changement. Ce rôle était du moins celui de certains anges appartenant à ce qu’ils appelaient une hiérarchie intermédiaire : celle dont les membres servent de messagers entre le monde de Dieu et le monde des hommes (le mot ange a d’ailleurs comme sens celui de messager). Car au-delà de ces sphères se trouvent la Divinité et la hiérarchie supérieure des Séraphins, des Chérubins et parfois des Trônes, qui là-haut chantent sans fin la gloire de l’Éternel. Et en-dessous, dans le monde sublunaire, la hiérarchie inférieure (des anges gardiens, archanges et principautés) s’occupe du monde des hommes : des personnes, des lieux saints, des pays, etc. Tout cela fait du beau monde ! Il faut s’imaginer le regard émerveillé de nos ancêtres vers ces créatures célestes.

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Un Père de Famille

Demain, nous entrons en Carême. Alors, pour traverser le désert, il nous faut manger l’agneau pascal et en garder le goût jusqu’aux viandes grasses et aux vins capiteux de la Terre Promise. Pour expliciter cela, disons que le christianisme consiste à vivre les différents mystères du rosaire. Par les mystère joyeux, nous goûtons la joie d’être avec Dieu. Par les mystères lumineux, nous sommes éclairés sur Dieu et sur nos vies. Ce qui nous amène aux mystères douloureux où il faut vaincre en nous le mal et la tendance au mal pour que l’amour soit le tout de nos vies. Et enfin par les mystères glorieux, nous accueillons la joie de la Résurrection et d’un amour immense.

Ces étapes se renouvellent plusieurs fois dans nos vies, et nous pouvons les vivre en même temps sur différents niveaux de nos existences. Mais le but bien sûr, c’est la gloire de l’amour pleinement réalisé qui est paix et joie dans l’Esprit-Saint. Certains s’arrêtent à l’une ou l’autre étape, refusant soit d’être touché par l’amour, soit d’être enseigné, soit de se convertir et de travailler à la vigne du Seigneur, soit d’accueillir la joie de la Résurrection qui chasse toute ténèbre et toute souffrance.

Mais pour vraiment aller au bout, il faut découvrir le visage d’amour du Père. Celui-ci est la source de toute chose, et l’on trouve son image dans l’homme, dans la femme, et en Jésus-Christ. Et c’est là que l’on découvre que le Père est à la fois un mystère masculin, féminin et enfantin. Il a ces trois visages dans la plénitude de ce que ces réalités peuvent être. Ce n’est pas un anthropomorphisme sur Dieu que de parler ainsi. Mais en fait, le masculin, le féminin et l’enfantin appliqués à l’homme sont des théomorphismes. Le Père vit et aime de ces trois manières. Le Fils aussi. Et l’Esprit-Saint aussi. Et les anges également.

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Les quatre mystères

Le Tétramorphe – les quatre évangélistes

Il ne s’agit pas ici de parler des quatre mystères du rosaire, mais des quatre mystères de la vie chrétienne : création, sanctification, rédemption, glorification. Notons au passage en parlant du rosaire que la création est plutôt un mystère joyeux, la sanctification un mystère lumineux, la rédemption un mystère douloureux et la glorification un mystère glorieux.

On constate que chaque personne est plus ou moins sensible à l’un ou l’autre de ces quatre mystères aux différents moments de sa vie, et que des époques et zones géographiques ont leur dominante davantage dans l’un ou dans l’autre. Or, toute vie chrétienne équilibrée demande de prendre en compte ces quatre mystères.

Quelqu’un de plus sensible à la création va nous parler d’épanouissement et de projets. Quelqu’un de plus sensible à la sanctification va nous parler des grâces reçues et à recevoir. Quelqu’un de plus sensible à la rédemption va nous parler de notre condition de pécheurs, des combats eschatologiques et va travailler à vider le purgatoire. Quelqu’un de plus sensible à la glorification va nous parler de ses fréquentations de la cour céleste (Trinité, anges, saints) et des splendeurs du paradis où il faut désirer aller.

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Sacramentalité et réalité

Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit Dieu. La divinité s’est associée à l’humanité en Jésus-Christ pour nous manifester son amour, nous réconcilier avec elle et nous entraîner dans les mouvements éternels des échanges du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint où tout n’est que vie, don, joie, félicité, union et fécondité.

Dieu, qui est présent à toute chose de tous les instants, est venu par son humanité à un moment donné de l’histoire pour faire de nous des fils adoptifs. Il a vécu, il est mort et il est ressuscité. Puis il est reparti, mais sans nous laisser seuls. Non seulement il nous a donné son Esprit-Saint, mais il nous a donné l’Église pour que nous trouvions en elle les moyens d’être rendus participants du grand mystère de son Incarnation, de sa Rédemption et de l’Assomption de la nature humaine en Dieu. Il nous l’a donnée pour que notre vie ne soit plus livrée à nous-même et à nos propres forces, mais pour que nous entrions dans la vie même de Dieu, dans les propres mouvements de sa vie intime.

La vie de l’Église, c’est le Christ qui s’approche de nous, qui nous transforme et nous confère l’adoption filiale. La vie de l’Église, c’est le Christ qui vit en nous pour nous entraîner dans l’Amour trinitaire.

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Esprit de finesse

Il est un défaut de l’humanité qui consiste en la chose suivante : quand l’on a pris soin de définir clairement une vérité, l’on ne voit soudain plus de multiples autres choses qui n’entrent pas dans nos définitions. Et cela, soit parce que celles-ci sont fausses, soit parce qu’il nous manque d’autres distinctions et définitions qui nous auraient permis de laisser la place à toute la diversité de la réalité.

L’esprit de finesse consiste au contraire à se laisser interpeller par les différentes réalités que l’on rencontre, sans les rejeter a priori parce qu’elles ne rentrent pas dans nos définitions, pour trouver les juste distinctions et définitions qui rendent justice à chaque chose.

Les exemples sont nombreux dans l’histoire. Un cas éloquent est la définition de l’intelligence qui a fait disparaître la perception de la connaissance : cf. notre article Connaître Dieu.

La théologie et la vie de l’Église ne sont pas exemptes de ce défaut. Il arrive malheureusement que l’on ne laisse pas toutes les potentialités de la Révélation se déployer. Nous citerons ici trois cas : celui des laïcs consacrés, celui des ministères prophétiques et royaux, et celui de la place de saint Joseph.

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Mais où est le Ciel ?

Pour certains chrétiens, partir pour le Ciel, à la suite de Jésus et de Marie, c’est partir pour un lieu lointain, inaccessible, où la matière, si elle existe encore, ou si on la retrouve un jour, est toute spirituelle. Tellement spirituelle qu’elle semble avoir presque disparu. Et tout ce que l’on fera là-haut sera de louer et d’adorer le Seigneur, à genoux devant lui ; le reste étant désormais d’un autre temps.

Sans vouloir offusquer personne, si ce n’est les démons et autres ennemis de Dieu, cette conception est toute emprunte de manichéisme et autres spiritualités cathares. En réalité, le Ciel est plein de matière, de cette matière que l’on connaît. Le Ciel se situe dans notre ciel, dans notre cosmos, dans notre univers. Et si celui-ci paraît si grand, c’est justement que l’on aura le Ciel pour visiter le ciel. Le lieu physique où se situe le Ciel, c’est notre univers. Dieu n’a pas mis de la matière en dehors de la matière. Dieu ne nous a pas mis dans cet univers pour nous mener ensuite dans un autre. Certes, au Ciel, nous sommes dans la contemplation de l’essence divine et des espèces angéliques. Mais cette plongée dans le monde d’en haut ne nous fait pas quitter le monde physique que nous habitons. Là, la spiritualité s’y déploie dans la matière de mille manières pour la faire resplendir de la gloire de Dieu. Quand après la résurrection finale tous les morts auront retrouvé leur corps, ce qui sera vécu dans les profondeurs de l’âme se manifestera dans toute la matière du cosmos. L’humanité habitera le cosmos tout entier et, avec l’aide des anges et de Dieu, le rendra resplendissant des merveilles de la spiritualité.

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