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Du 2 au 27 octobre 2024 se déroule à Rome la troisième et dernière phase du Synode sur la synodalité, qui est parfois également nommé Synode sur la vie de l’Église, ou Synode sur l’avenir de l’Église.
Voulant m’intéresser un peu à cet évènement qui approche, je suis allé regarder les divers documents mis à disposition et notamment l’Instrumentum laboris. Cherchant l’origine de la démarche et de l’appellation « Église synodale », la référence est un discours du pape François en 2015 pour le 50ème anniversaire du synode des évêques, ainsi qu’un document publié en 2018 par la Commission théologique internationale sur la synodalité dans la vie et la mission de l’Église.
Ces deux documents font référence à une citation de saint Jean Chrysostome :
-> le pape François dit : « comme dit Saint Jean Chrysostome, “Église et Synode sont synonymes” »
-> la Commission théologique internationale affirme : « Saint Jean Chrysostome, par exemple, écrit que “l’Église est synonyme de ‘faire chemin ensemble’ ” (σύνοδος) »
La citation vient de Explicatio in ps 149 : PG 55, 493. Et ils mentionnent en note un dictionnaire de Patristique grec (1968) de G. Lampe, un théologien anglicain, qui les a aidé semble-t-il dans leurs recherches.
Un peu de grec
Étant un peu curieux, j’ai étudié le texte de saint Jean Chrysostome, et l’article en question du dictionnaire. Leur lecture n’a pas manqué d’intérêt ni de surprises, et montre que ce Père grec considère l’Église surtout comme symphonique, avec l’analogie du chant, et non pas tant comme synodale, avec une synonymie autour de la marche. Pour en être sûr, j’ai fait confirmé mon analyse par un ami théologien et professeur de grec. Telle est l’origine de cet article. Je le partage d’autant plus volontiers que l’intention du Synode semble être que tous puissent échanger librement en Église en toute charité.
La phrase initiale est : « Ἐκκλησία γὰρ συστήματος καὶ συνόδου ἐστὶν ὄνομα. »
Les éditions Migne indiquent en latin : « Ecclesia enim est nomen conventus et congregationis. »
Et la traduction en français de M. Jeannin en 1865 donne : « L’Eglise en effet, c’est un corps où tout se tient, c’est une assemblée. »
La traduction littérale serait : « Car Église est le nom/le synonyme de rassemblement (rassemblement en un corps de plusieurs membres) et réunion (assemblée religieuse où l’on délibère). »
Plusieurs remarques s’imposent.
Tout d’abord, ils ont tronqué la citation en ôtant un des deux termes mis en coordination pour désigner l’Église. Ce qui est en soi abusif. Les termes « corps organisé » et « assemblée » ne sont pas juxtaposés comme des équivalents, mais sont tous deux là pour désigner ensemble l’Église. Il devient alors difficile de parler de “synonyme” en gardant seulement un des deux termes.
Ensuite, le mot “συνόδου” n’a pas du tout le sens dans ce contexte de “faire chemin ensemble”, qui est juste étymologique, mais bien d’une assemblée ou rencontre statique. C’est d’ailleurs dans ce sens que le dictionnaire grec de G. Lampe en fait un équivalent de “Ἐκκλησία” (église, assemblée). Lui donner ce sens reviendrait au même que de dire que quelqu’un qui va à un carnaval se prépare à arrêter de manger de la viande pendant quelque temps. Car l’étymologie de carnaval est carne levare, à savoir enlever la viande. On faisait carnaval le dernier jour avant le jeûne d’un Carême sans viande. Ce sens n’est globalement plus utilisé.
Enfin, le choix du terme “συνόδου”, plutôt qu’un autre, semble lié d’un côté à une insistance sur l’idée d’union en lien avec le préfixe “συν” que nous trouvons dans la phrase précédente dans “συμφωνίας” (“le concert de voix”), et de l’autre à un jeu sonore sur le paronyme “συνῳδος” (“qui unit son chant ou sa voix”), un mot qui ressemble sans avoir le même sens. Il faut savoir que saint Jean Chrysostome est un poète remarquable. Le mot de synode aurait donc été choisi pour évoquer l’idée d’une assemblée qui chante et non d’une assemblée qui marche.
C’est une hypothèse qui va de pair avec le constat que rien dans le reste du texte ne mentionne une idée de chemin, ni même d’assemblée de délibération. La phrase du psaume qu’il commente est : « Alléluia ! Chantez au Seigneur un chant nouveau, louez-le dans l’assemblée de ses fidèles ! ». Nous analyserons davantage ce texte un peu plus loin, pour le moment contentons-nous de remarquer que nous y trouvons seulement mention de rassemblements tournés vers la louange de Dieu, tout en invitant à la conversion et à la sainteté, ainsi qu’à compter sur l’intervention de Dieu.
En continuant mon enquête, j’ai trouvé un autre passage de saint Jean Chrysostome qui présente quelques similitudes. Il se trouve dans son Commentaire de la Lettre aux Galates, au chapitre 1, numéro 3 : « Ce nom d’Église est synonyme d’accord et de bonne intelligence. »
Le texte grec aux éditions Migne indique : « τὸ γὰρ τῆς Ἐκκλησία: ὄνομα, συμφωνίας ὄνομα καὶ ὁμονοίας ἐστί. »
Et le texte latin : « siquidem Ecclesiæ nomen consensus concordisque nomen est. »
Nous retrouvons “ὄνομα” (synonyme/nom) deux fois, car cette fois-ci c’est “le nom de l’Église” qui est synonyme, et pas seulement “l’Église”. Ce qui est équivalent.
Et là, le terme choisi est “συμφωνίας” (“accord”, “concert de voix” ) !!! C’est celui que nous avons mentionné juste au-dessus dans l’autre texte, en indiquant le possible jeu de consonnance. C’est donc bien ce mot qui sert avant tout à caractériser nos assemblées ecclésiales pour saint Jean Chrysostome. La vie chrétienne est une symphonie.
Ce mot sert ici à désigner l’Église avec celui de “ὁμονοίας” (“bonne intelligence”) qui a le sens d’unité et de bonne entente. Cette coordination de “concert de voix” et d'”unité” vient confirmer l’idée que c’est la louange qui fait grandir l’unité au sein de l’Église, et non pas d’abord des assemblées délibératives.
Puisque la structure des deux citations est semblable, si nous voudrions faire un parallèle avec les textes du pape François et de la Commission théologique internationale, nous affirmerions que « Église et Concert sont synonymes », ou mieux « Église et Chœur sont synonymes » ce qui est davantage liturgique, ou encore que « Église est synonyme de ‘chanter ensemble’ ».
Cependant, nous n’oserions pas déformer ainsi la citation. Par contre, plutôt que de parler de synonyme, nous pouvons parler d’analogie. L’analogie du chant est au cœur du propos de saint Jean Chrysostome pour comprendre le mystère de l’Église. Pour lui, l’Église est symphonique.
Il n’est d’ailleurs pas le seul Père de l’Église à penser cela, et cela n’a pas échappé à des grands théologiens comme Hans Urs von Balthasar, qui évoque ce thème dans son livre La vérité est symphonique, ou Benoît XVI qui parlera souvent de cette symphonicité, comme par exemple dans son audience du 14 mars 2007 où il commente ce thème chez saint Ignace d’Antioche. Ce Père grec écrit par exemple :
“C’est pourquoi Jésus Christ est chanté dans votre concorde et dans votre amour symphonique. Et ainsi, un par un, vous devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la concorde, après avoir pris le ton de Dieu dans l’unité, vous chantiez d’une seule voix.”
Et Benoît XVI commentera :
“Au contraire, l’insistance sur la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des analogies éloquentes: la cithare, la corde, l’intonation, le concert, la symphonie.”
Pour en revenir à notre interrogation initiale, il appert de tout cela qu’affirmer que pour saint Jean Chrysostome « Église et Synode sont synonymes » ou « l’Église est synonyme de ‘faire chemin ensemble’ » résulte d’un usage abusif de sa citation, voire même est complètement faux. Il est surprenant que les autorités ecclésiales, avec tout le respect que nous leur devons, se soient ainsi égarées dans leur compréhension de saint Jean Chrysostome. L’exigence de vérité demande soit qu’ils retirent la citation de ce Père grec, soit qu’ils corrigent leurs propos en conséquence.
La question intéressante est de savoir pourquoi l’analogie du chant est très utilisée par saint Jean Chrysostome, et non pas tant celle de la marche. Tout d’abord, il faut comprendre que la majeure partie de l’Église est au Ciel et n’est plus en chemin. Seule la composante terrestre de l’Église est in via, en route. La composante céleste nous aide dans notre marche ; mais elle est bien installée dans les Cieux, et ne chemine plus. Par contre, la dimension terrestre et la dimension céleste de l’Église sont unies dans un même Chœur qui chante la gloire de Dieu autour du Trône de l’Agneau. Le Ciel et la Terre sont rassemblés dans la louange de Dieu.
De plus, en tout temps et en tous lieux nous pouvons chanter en tournant nos cœurs vers le Seigneur, mais nous ne pouvons pas en dire autant de la marche. Le chant nous convie à l’intimité, la marche à l’extériorité.
Enfin, le chant permet de penser une harmonie s’installant malgré les frontières et les différences : chacun cherchant à jouer sa note au mieux dans l’ensemble en écoutant les autres pour trouver une note juste, mais pouvant les entendre seulement de loin sans nécessité de proximité immédiate. Nous écoutons ce qui vient à nos oreilles, parfois de très loin comme un faible écho, et nous ajustons nos notes. Tandis que cheminer ensemble demande une proximité et un dialogue concret. La marche en commun évoque une uniformité linéaire, là où le chant évoque la beauté d’une symphonie aux voies diverses et aux postures variées.
Ainsi, l’analogie du chant s’applique à toute l’Église, mais pas celle de la marche. L’Église est davantage symphonique que synodale. Les deux peuvent s’articuler, mais nous croyons que la réduction à l’analogie de la marche peut nous faire perdre de vue la dimension céleste de l’Église déjà présente parmi nous. Ce qui est une forme de sécularisme.
Pour rappel, en théologie, c’est avant tout la notion de Royaume qui est synonyme d’Église, car Jésus-Christ a prêché le Royaume et a ainsi constitué l’Église. L’Église est l’assemblée de ceux dont Jésus est le Roi. Cela désigne ceux qui sont au Ciel et ceux qui sont sur la Terre, unis dans un même mystère, car l’Église est une. Et n’oublions pas que l’Église du Ciel est composée non seulement des saints, mais aussi des anges.
La dimension terrestre de l’Église est bien pérégrinante, mais c’est pour s’unir chaque jour davantage à la dimension céleste de cette même Église, pour entrer dans son chant et en devenir participant :
“Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle, et vers le sang de l’aspersion, son sang qui parle plus fort que celui d’Abel. Prenez garde, ne refusez pas d’entendre celui qui vous parle ; car si les fils d’Israël n’ont pas échappé au châtiment quand ils ont refusé d’entendre celui qui les avertissait par un oracle sur la terre, à plus forte raison nous n’y échapperons pas non plus, si nous nous détournons de celui qui nous parle depuis les cieux.” Lettre aux Hébreux 12, 22-25 (AELF)
Le commentaire en question
Pour appuyer tout ce que nous venons de dire, regardons maintenant le texte de saint Jean Chrysostome dans son intégralité. Il est en train de commenter le psaume 149 au premier verset.
Voici le psaume 149 (traduction liturgique, AELF) :
01 Alléluia ! Chantez au Seigneur un chant nouveau, louez-le dans l’assemblée de ses fidèles !
02 En Israël, joie pour son créateur ; dans Sion, allégresse pour son Roi !
03 Dansez à la louange de son nom, jouez pour lui, tambourins et cithares !
04 Car le Seigneur aime son peuple, il donne aux humbles l’éclat de la victoire.
05 Que les fidèles exultent, glorieux, criant leur joie à l’heure du triomphe.
06 Qu’ils proclament les éloges de Dieu, tenant en main l’épée à deux tranchants.
07 Tirer vengeance des nations, infliger aux peuples un châtiment,
08 charger de chaînes les rois, jeter les princes dans les fers,
09 leur appliquer la sentence écrite, c’est la fierté de ses fidèles. Alléluia !
Le texte grec du premier verset dans la Septante est : « Αλληλουια. Ἄισατε τῷ κυρίῳ ᾆσμα καινόν, ἡ αἴνεσις αὐτοῦ ἐν ἐκκλησίᾳ ὁσίων ».
Le mot ici utilisé pour assemblée est ἐκκλησίᾳ, qui a donné Église.
Et comme souvent chez les premiers chrétiens, le terme utilisé pour parler des fidèles est celui de saints. C’est “l’assemblée des saints”. La sainteté est celle du Ciel qui se rend présent en nous et autour de nous.
À deux reprises, saint Jean Chrysostome se positionne dans le sens anagogique du texte. Cela semble donc être sa perspective principale. D’après le Larousse, le sens anagogique est le « terme employé en théologie pour désigner, parmi les quatre sens de l’Écriture (littéral, allégorique, tropologique et anagogique), celui qui est considéré comme le plus profond et le plus spirituel, mais aussi le plus caché. » Il s’agit d’élever notre regard vers les réalités célestes, vers ce qui existe dans la gloire éternelle. Tandis que le sens tropologique (ou moral) nous conduit à chercher un agir juste ; mais cet autre sens n’est jamais nommé directement.
La citation qui fait l’objet de notre étude arrive comme une cause (γὰρ) pour apporter un éclairage, et ne provient pas directement du psaume. L’auteur insiste sur l’unité dans le chant qui doit se traduire dans la vie des chrétiens formant dans l’unité le Corps du Christ.
Il nous a dit au début que nous étions renouvelés dans la Nouvelle Alliance, et il insistera longuement ensuite sur le désir de Dieu qui doit nous habiter, et sur la grâce immense qui nous est donnée de la familiarité avec Lui. L’union à Dieu et la proximité du monde d’en-haut sont la source de notre renouvellement. Cependant, il semble avoir le soucis que le renouvellement personnel ne nous détourne pas de l’assemblée des fidèles : il affirme que nos prières sont au pluriel, au Nous (cf le Notre Père), et que les fidèles doivent se réunir pour former un peuple. Tel est sûrement l’objectif de la présence de la citation que nous étudions ici : faire le lien entre notre incorporation mystique au Christ et la réalité concrète de nos assemblées. D’où l’idée du jeu de mots décrit plus haut entre “συμφωνίας” et “συνόδου”, entre la symphonie et le synode.
Par la suite, il insistera sur l’importance de l’humilité et de la douceur, qui conduisent à la sainteté et aux interventions de Dieu. D’un côté, il note que s’appuyer sur ses propres forces soumet le Peuple de Dieu à ses ennemis. De l’autre, il montre au travers de l’histoire sainte que si celui-ci chante les louanges de Dieu et s’appuie sur Lui, il interviendra d’une manière puissante et admirable, qui sera manifeste et inoubliable.
C’est probablement ainsi que nos vies doivent correspondre à la louange : par la douceur, la charité, la sainteté et l’attente des bienfaits invisibles et visibles de Dieu. Il laisse entendre que ceux qui louent le Seigneur auront leur vie transformée vu qu’ils « recevront un grand accroissement de gloire et deviendront plus illustres, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ ».
En conclusion, retenons que la symphonicité est le cœur de son propos pour désigner la vie chrétienne, là où la synodalité apparaît pour nous rappeler que la vie du Royaume des Cieux, que nous avons déjà en partage ici bas, doit nous conduire dans des communautés ecclésiales concrètes remplies de charité fraternelle.
Une analyse ecclésiologique
La perspective de saint Jean Chrysostome est liée à la présence du Ciel : Jésus-Christ règne et est présent à chacun de nous de manière cachée avec les saints, les anges, la Vierge Marie, etc. Comme pour tous les Pères, l’Église est installée dans les Cieux. Elle n’est pas seulement en chemin sur la Terre. Or l’Église étant une, nous sommes plongés et déjà incorporés à la communauté céleste. C’est là que nous avons nos racines ; c’est là notre vraie demeure.
Notre louange nous unit et nous aide à vivre dès-ici bas de la vie du Ciel. L’unité jaillit de cette irruption du monde d’en-haut, et non pas d’abord de nos projets trop humains. L’Église est là pour nous introduire dans ce Royaume des Cieux : elle en est un signe et elle possède les moyens de sanctification pour nous aider à y entrer de plein pied. Mais la source de notre communion vient de plus loin que tout ce que nous voyons sur la Terre. C’est ce qui permet à certains d’être moines ou ermites tout en étant pleinement en communion avec tous.
Le véritable chemin à emprunter est d’entrer dans le Royaume des Cieux, qui transfigurera nos petites organisations humaines. Deux chemins s’ouvrent pour les croyants : s’ouvrir aux réalités d’en-haut et faire confiance à Dieu, ou se refermer sur les réalités de la Terre et faire confiance à leurs œuvres.
« Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. » Matthieu 7, 13-14
Le premier chemin nous conduit à accueillir Jésus et la Cour céleste dans nos chambres, nos maisons et nos assemblées. C’est le salut qui fait irruption chez nous. Le deuxième chemin cherche des outils performants pour se constituer une puissance terrestre. Il veut s’organiser et se donner les moyens de sa réussite, en oubliant que l’essentiel est ailleurs. Au lieu de rester un signe de quelque chose de plus grand et de permettre à chacun de rencontrer Jésus comme leur Roi, ils veulent régner à sa place. Les anges rebelles sont très à l’œuvre pour nous pousser dans cette direction. Et ils sont beaucoup plus intelligents que nous et très rusés, ils peuvent nous tromper facilement et nous manipuler, si nous ne nous appuyons pas sur la Cour céleste.
Comme le dit le livres des Proverbes (3, 5-6) : « Confie-toi en l’Eternel de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ton intelligence ! Reconnais-le dans toutes tes voies et il rendra tes sentiers droits. »
Il faut rappeler ici une antique tradition des premiers siècles de placer une chaise vide dans le chœur des cathédrales, ainsi qu’au lieu de présidence des Conciles. Les Saintes Écritures étaient parfois posées sur ce trône. Cela s’appelle l’étimasie, et n’est pas propre aux chrétiens, mais était déjà utilisée par les civilisations païennes pour signifier la place d’un dieu, ou l’allégeance à des empereurs et des rois en leur absence. Cette chaise vide est celle de notre Seigneur Jésus-Christ, qui en fait est réellement présent. La chaise n’est pas vide ! Même si nos yeux ne le voient pas, Jésus est là en chair et en os. Telle est notre foi ! Et malheur à celui qui voudrait s’asseoir sur cette chaise, tel un intendant qui s’imaginerait que son Maître est totalement absent, et qu’il peut ou doit prendre sa place. Il convient d’être des signes de sa présence, mais pas plus : un signe reste bien inférieur au signifié.
L’Église est peut-être missionnaire et synodale, mais elle n’est pas que cela. Elle est d’abord participation active à la vie du Ciel. Et c’est au Ciel que se fonde son unité en Jésus-Christ. C’est de là que vient la communion qui s’installe entre tous ses membres, hommes et anges. C’est de là que provient le feu brûlant d’amour qui conduit à la mission.
L’ecclésiologie ne se comprend pas d’abord de manière ascendante depuis nos perceptions humaines, mais de manière descendante depuis la réalité du Ciel. La théologie a compris depuis longtemps que les méthodes ascendantes et descendantes étaient toutes les deux légitimes, depuis les débats qui ont opposé l’école d’Antioche et celle d’Alexandrie en christologie au temps des Pères de l’Église. Elles se complètent et se corrigent. Mais celle qui prime pour donner le sens plénier, c’est la méthode descendante, celle qui part de Dieu et du Ciel, et non pas des hommes et de la Terre.
L’Église et le Royaume sont une même réalité. Et ses membres sont là d’un côté pour vivre de la gloire du Ciel, et de l’autre pour sanctifier le monde. Ce sont deux objectifs distincts et complémentaires qui doivent orienter nos choix ecclésiaux. « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde » dit la liturgie.
Pour reprendre la terminologie du Synode en cours, nous pouvons dire que la symphonicité a pour but premier de participer à la vie du Ciel, et d’entrer par là en communion avec Jésus, la Trinité, et toute la Cour céleste. De cette union au monde d’en-haut qui transforme nos vies naît un désir et un appel à la mission. C’est là qu’intervient la synodalité qui reprend ce désir et cet appel à la mission, et nous pousse à la communion fraternelle ici-bas et à former des communautés vivant de l’Évangile qui sont des portes d’entrée pour participer à la vie du Ciel. Et la boucle est bouclée. La symphonicité ne va pas sans la synodalité, et réciproquement. C’est un mouvement circulaire dont l’Église a besoin pour vivre l’unité et permettre à l’Esprit-Saint de descendre ici-bas dans une effusion d’amour. Si le magistère n’arrive pas à clarifier cela précisément et à vivre de toutes ces dimensions, les divisions continueront, voire même s’amplifieront.
Nous voyons ici deux termes à associer ensemble pour comprendre l’Église, ainsi que deux objectifs qui se conjuguent. En sagesse chrétienne, il convient souvent de frotter ensemble deux idées ou deux versets bibliques pour nous approcher de la vérité, plutôt que de dérouler une idée comme un mécanisme bien huilé. Un jeu de mots de théologiens consiste à dire que le Seigneur nous a donné de la manne et des cailles dans le désert pour cheminer. Or la manne veut dire en Hébreu “Mân hou ? Qu’est-ce que c’est ?”. Et le mot caille se prononce de manière similaire à “καὶ” en grec, à savoir “et”. Le Seigneur a donné une pluie de “Mân hou ?” et de “καὶ”. Pour cheminer avec le Seigneur, il faut donc d’un côté toujours chercher davantage, écouter, questionner, avoir un esprit ouvert à entendre la Parole de Dieu, et de l’autre savoir conjuguer des choses différentes, distinguer pour unir, chercher les complémentarités. C’est un travail laborieux qui nécessite la prière, cela demande de la précision et de l’humilité. De plus, une posture équilibrée ne peut pas se résumer en peu de mots.
La hiérarchie ecclésiastique est davantage dépositaire du rôle de sanctification, par la garde du dépôt de la foi et le laborieux travail de précision doctrinale, ainsi que par la mise à disposition des sacrements et sacramentaux. Le Saint-Père a l’infaillibilité quand il émet un dogme, mais point quant à son gouvernement, à ses choix ou à ses opinions personnelles. Saint Pierre, après avoir été loué pour sa foi qui fonde l’Église, a ensuite renié et fuit la Croix (Mt 16, 15-28).
Pour avoir affirmé devant tous les Apôtres que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, celui-ci lui dit : “Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.”
Mais pour avoir repris Jésus seul à seul loin des autres pour tenter de le détourner de la Croix, il s’entend dire : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Saint Jean au contraire ira au pied de la Croix, en suivant la Vierge Marie. C’est le disciple Bien-Aimé, qui semble être le plus entré dans le mystère de la charité. Saint Pierre aura toujours du mal à comprendre la vocation de saint Jean : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » (Jn 21, 21). Il voit bien que Jean le dépasse en charité. Et il s’est peut-être même demandé si Jésus n’allait pas donner à Jean le gouvernement de l’Église après son reniement. Mais le Seigneur restaure Pierre dans sa fonction, tout en lui faisant comprendre qu’il n’a pas tous les rôles dans l’Église : « quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » (Jn 21, 18). Et il lui désigne Jean comme un rappel permanent de la limite de son autorité. Dieu enverra des saints par la suite pour faire de même avec la papauté : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » (Jn 21, 23).
Tous les disciples bien-aimés de l’histoire savent que Jésus est là sur la Terre, régnant depuis les Cieux. Et Dieu se sert parfois de l’un ou l’autre pour inviter à la conversion ceux qui veulent gouverner le monde ou l’Église en oubliant qui est le véritable Roi. Rome n’est pas Jérusalem.
Quand le Saint-Père, et ceux qui l’aident pour le gouvernement de l’Église universelle, œuvrent surtout en ce qui concerne l’infaillibilité pontificale (à savoir les dogmes et les précisions sur les articles de foi et sur les principes moraux, mais pas sur leur composition prudentielle avec les réalités contingentes), nous croyons que l’Esprit-Saint est particulièrement à l’œuvre pour rendre féconds leurs efforts. Mais quand ils veulent choisir eux-mêmes les chemins de la charité pour l’Église ou s’efforcer à maintenir la paix géopolitique du monde, l’histoire de l’Église témoigne malheureusement que la chute les attend tôt ou tard pour les remettre à leur place s’ils tardent à le faire par eux-mêmes. Car ce n’est pas là leur devoir d’état, et ils n’ont donc pas les grâces en conséquence. À vouloir les suivre en tout, sans percevoir leur limite et mettre des garde-fous, nous risquerions de les suivre dans leur refus d’aller à la Croix.
Pour que “amour et vérité se rencontrent” comme le dit le psaume 84, il est nécessaire que des personnes aient le souci de la vérité. Or la fonction pétrinienne a particulièrement ce rôle dans l’Église, et doit témoigner de la vérité dans l’amour. Cette fonction est complémentaire d’autres figures ecclésiales qui témoignent de l’amour dans la vérité, comme a su par exemple le faire Mère Teresa.
Notons au passage que la coutume des premiers siècles de l’Église était de les appeler vicaire de Pierre et non pas vicaire du Christ. Cela montrait bien qu’ils n’avaient pas tous les rôles dans l’Église, mais seulement un des rôles parmi les douze. Un rôle important, mais pas le seul. Le Seigneur a placé autour de lui notamment : André, Jacques, Jean et Paul. Et ce dernier par exemple n’a pas hésité à le reprendre (cf Galates 2, 11).
De la même manière, le Cardinal Journet avait repris le pape Paul VI quand celui-ci s’était mis à utiliser le terme d'”Église pécheresse”. Il est allé le voir pour lui rappeler que l’Église est sainte, bien que composée de pécheurs. Et même, la majeure partie des membres de l’Église, ceux qui sont au Ciel, sont entièrement saints et sans péché. L’Épouse de l’Agneau est rendue Immaculée par son Époux. Et ce qui est encore péché en nous n’est pas encore épousé, nous devons l’offrir à Jésus pour que cela devienne saint. Paul VI a accepté la correction fraternelle, et s’est amendé.
Ce que nous attendrions d’un Synode sur la synodalité et la symphonicité, ce serait d’arriver à mieux comprendre comment articuler ces diverses réalités. Le Ciel et la Terre. La gloire et la sanctification. Le Royaume et nos assemblées. La présence réelle de Jésus et de la Cour céleste, et notre vocation à être des signes en ce monde de cette réalité. La communion qui vient du Ciel, et le rôle des hiérarchies ecclésiastiques nécessaires pour ne pas nous tromper de chemin sur la Terre. La présence et l’action des anges, et le rôle propre du monde sensible. La symphonie des chœurs angéliques unis aux saints du Ciel dans la Trinité, et l’humanité en chemin. Malheureusement, la perspective qui ressort est souvent de choisir un seul des deux termes, à savoir la dimension terrestre de l’Église.
L’Instrumentum Laboris affirme par exemple :
-> Numéro 7, page 7 : « La première phase a renouvelé notre conscience que devenir une Église toujours plus synodale manifeste notre identité et notre vocation : marcher ensemble, c’est-à-dire faire synode, est la manière de devenir vraiment disciples et amis de ce Maître et Seigneur qui a dit de lui-même : “Je suis le chemin » (Jn 14,6).” »
La citation est une nouvelle fois tronquée. Jésus a dit : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
-> Numéro 44, page 18 : « En parallèle, il y a une prise de conscience croissante que l’orientation missionnaire constitue l’unique critère fondé sur l’Évangile pour penser l’organisation interne de la communauté chrétienne, la distribution des rôles et des charges et la gestion de ses institutions et de ses structures. C’est dans une double relation avec la communion et la mission que la participation peut être comprise, et c’est pourquoi elle ne peut être abordée qu’après les deux autres. »
La mission est depuis longtemps vue comme constitutive de l’Église. Cependant, comme nous l’entendons parfois ces années-ci, elle est présentée ici comme l’unique but et l’unique critère. Ce qui est faux comme nous l’avons dit plus haut. Vivre de la gloire du Ciel et chanter les louanges de Dieu sont également constitutifs de l’Église, et c’est même ce qui restera ultimement. Et je dirai même que notre rôle est avant tout d’ouvrir la porte à Jésus, à l’Esprit-Saint, et aux anges, pour vivre de leur vie, et avancer dans la misison avec eux, mais pas sans eux.
Un débat similaire à ce qui est dit ici avait déjà eu lieu lors du Concile Vatican II quand certains voulaient propager la notion de Concile pour comprendre toute l’Église, d’où le terme Église conciliaire. Le sens est ici plus précis que l’usage répandu chez les tradis de désigner ainsi tous ceux qui se réclament de Vatican II. Ce débat au moment du Concile avait valu à certains théologiens hostiles à cette idée, comme Ratzinger, de quitter la revue Concilio pour fonder la revue Communio. Ces théologiens appartenaient au courant du Renouveau (à ne pas confondre avec le mouvement charismatique, qui arrivera plus tard chez les catholiques). Le Renouveau provient d’une quête de retour aux Pères de l’Église, initié au XIXème siècle pour revivifier l’Église en puisant au plus près de la source de la Révélation. Ce courant deviendra important à partir des années 1950, aussi bien par des théologiens de renom que par des communautés nouvelles (Foyers de Charité, Communauté de Bethléem, Communauté Saint-Jean, Fraternités de Jérusalem, Communauté de l’Agneau, et de nombreuses autres). Le Renouveau a conduit des âmes vers une grande contemplation et une profonde sagesse. Nous pouvons affirmer sans trop nous tromper que c’est le Renouveau qui a voulu le Concile et en a recueilli les meilleurs fruits.
Malheureusement, les progressistes sécularisés qui ne voient que la dimension humaine et terrestre de l’Église voulaient aussi leur réforme ecclésiale. Mais le but n’était pas le même, et les médias s’en sont donnés à cœur joie pour mettre en avant leur vision, qui n’est pas celle que nous lisons dans les textes conciliaires. Il y a eu comme deux conciles.
Jean-Paul II, Benoît XVI, et beaucoup de pasteurs ont tenu la ligne véritable de Vatican II contre ce sécularisme progressiste. Les traditionalistes ont choisi d’y résister en s’attachant à la forme tridentine qui possède beaucoup d’anticorps contre ces déviances. Par l’arrivée des mouvements charismatiques, de nombreux croyant ont découvert la joie de la louange, ont vu leur vie renouvelée par l’Esprit-Saint et ont été témoins de nombreux miracles au Nom de Jésus. Et toutes ces tendances ont eu dû mal à se comprendre, à s’apprécier et à se fréquenter. Chacune véhiculant des éléments justes et d’autres erronés. Ainsi, l’Église a continué sa route, bon an, mal an, durant des décennies de tourmentes. Beaucoup se sont demandés combien de temps de telles divisions pouvaient encore durer.
Aujourd’hui, le Synode sur la synodalité ressemble à une fin de match. Nous avons l’impression d’assister soit à une ultime tentative pour éviter la rupture par des moyens trop humains et donc voués à l’échec comme nous l’avons dit plus haut, soit à la victoire des progressistes sécularisés qui veulent faire une Église synodale (= la synodalité permet de comprendre toute l’Église) après avoir raté une Église conciliaire (= le conciliarisme permet de comprendre toute l’Église).
Il se peut aussi que ce soit enfin l’occasion de mettre sur la table tout ce que les diverses sensibilités de notre Église portent comme vision ecclésiologique, pour essayer de clarifier ce qui est authentiquement catholique, et de tenter d’articuler une synthèse devenue nécessaire pour aider les croyants à trouver le chemin de la vraie foi, où se réalise l’unité dans l’amour. Malheureusement, quels que soient les intentions des uns et des autres, ce n’est pas ainsi que la question a été posée, et la vision ecclésiologique semble avoir été imposée d’avance : celle d’une Église synodale.
Notre Dieu est une Communauté de Personnes dans l’Amour. N’est-il pas tentant de se concentrer sur nos communautés visibles de personnes pour les rendre resplendissantes d’amour ? Elles semblent tant divisées. Ne faut-il pas insister sur la nécessité de cheminer ensemble et non pas chacun de son côté ? Ce serait oublier le Ciel qui frappe à la porte de nos cœurs jour après jour et sans lequel il n’y a pas d’amour véritable. C’est en écoutant son chant d’amour, et en nous accordant à ses notes que nous trouverons la bonne manière de vivre.
Par ailleurs, pour éviter la division, le magistère actuel a tendance à vouloir mettre en avant la charité, quitte à laisser un peu de côté la vérité. Ne serait-ce pas oublié les paroles de Jésus devant Pilate (Jn 18, 37) ? “Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »”
Y a-t-il une providence divine derrière cette posture magistérielle ? À Dieu seul de répondre. Cependant, cela ne semble pas être la manière normale et ordinaire d’agir des successeurs de saint Pierre, et ils devront tôt ou tard revenir à leur place attitrée.
Les trois sagesses
Cela nous amène à une réflexion autour des trois sagesses. Le père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus leur consacre un chapitre dans Je veux voir Dieu, aux numéros 283-287, pages 396-401. Elles sont également citées dans les sept dons de l’Esprit-Saint, qui viennent les perfectionner, sous les termes de sagesse, intelligence et science. Nous reprenons ici cette terminologie pour les désigner en elles-mêmes et non pas d’abord comme dons de l’Esprit-Saint.
La science est la compréhension des réalités naturelles et créées par Dieu. C’est la philosophie aidée de toutes les autres sciences : physiques, mathématiques, historiques, sociologiques, etc. Elle nous permet d’entendre la loi naturelle et de chercher une vie vertueuse.
L’intelligence nous introduit dans les mystères de Dieu par la Révélation. Nous nous unissons à la vie trinitaire par les vertus théologales, et pouvons Le découvrir par sa Lumière en Lui-même et dans ses œuvres. C’est la théologie, ou l’intelligence de la foi. Et nous entrons dans la Loi Nouvelle de l’Évangile résumée dans le sermon sur la montagne et les Béatitudes.
La sagesse provient de la fréquentation du monde d’En-Haut (Trinité, hommes et anges) par l’Esprit-Saint. C’est la mystique ou la sagesse des saints. C’est ce pourquoi nous sommes faits ! Et nous le vivons dès ici bas dans nos vies. Nous trouvons par la compagnie de la Cour céleste le sens et l’orientation de nos vies.
Certains ont l’impression que cette troisième sagesse n’est pas faite pour eux. Soit parce qu’elle est dite sagesse des simples et des petits, et qu’ayant accumulé beaucoup d’intelligence et de science, ils pensent ne pas en avoir besoin. Soit parce qu’elle est dite sagesse des saints, et qu’ils ne se jugent pas dignes d’être considérés comme tels.
Or, cette sagesse est donnée dès le baptême. Elle fait partie de l’ordinaire de la vie chrétienne. Tout simplement parce que Jésus est vivant et que son Esprit-Saint est répandu sur nous, pour nous manifester le Père. Il suffit de dialoguer avec la Trinité, avec la Vierge Marie, avec saint Joseph, avec les anges et avec les saints, jour après jour. Et cette sagesse nous forme et nous imprègne.
Et par ce dialogue amoureux et aimant avec le monde d’En-Haut, répété jour après jour, l’Esprit-Saint descend sur nous comme il est descendu sur la Vierge Marie, pour renouveler nos vies et nos manières de penser. Jésus vient naître chez nous, dans nos vies, dans nos corps, dans nos cœurs, dans nos maisons, comme il est né à Nazareth. Et sa présence se fait progressivement sentir, intérieurement et extérieurement, pour des choses ordinaires ou extra-ordinaires. Nous devenons nous-mêmes surpris par nos pensées, nos paroles et nos actions qui sont revêtues d’une sagesse qui nous dépasse. La sainteté se propage et les miracles adviennent.
La vie de l’Église est celle de la sagesse. C’est l’Amour de Jésus qui nous entraîne à notre juste place et à faire les bons choix.
La mission de la hiérarchie ecclésiastique est surtout de préciser l’intelligence de la foi pour nous permettre d’entrer dans le Royaume, d’y rester et d’y grandir en sagesse.
Le magistère se doit d’être à l’écoute de la sagesse des saints pour trouver les bons chemins à emprunter. On se souvient du petit Gilles Bouhours, du Sud-Ouest de la France, qui a eu des apparitions de la Vierge Marie dès l’âge de 3 ans, en 1947. Il reçoit un message précis pour le Saint-Père à 4 ans, et la Providence fait qu’il est admis à le rencontrer en 1949 et 1950 en audiences privées, à 5 et 6 ans. Ce que cet enfant a raconté à Pie XII a été la confirmation qu’il attendait pour proclamer le dogme de l’Assomption, comme il le fit le 1er novembre 1950.
Conclusions sur la vie et l’avenir de l’Église
Le Synode sur la vie et l’avenir de l’Église doit mener cette réflexion sur la sagesse des saints et l’intelligence de la foi pour trouver le bon chemin. Malheureusement, ce qui semble primer dans les écrits du Synode sont des références à des méthodes de sciences de communication. Par exemple, ce qu’ils appellent « discussion dans l’Esprit » n’est jamais que ce que l’on appelle dans le monde « communication bienveillante » : prendre le temps d’écouter chacun, laisser cela résonner en nous, et co-construire la solution. Nous sommes dans la première sagesse, celle du monde. Elle n’est pas à négliger, mais nous ne pouvons nous y arrêter. Ils évoquent bien la mention de la prière et de l’écoute de la Parole de Dieu, mais seulement de manière personnelle et point de manière communautaire.
Nous aurions aimé a minima les moyens précis pour être dans la deuxième sagesse, celle de l’intelligence de la foi :
- faire en groupe des lectio divina, recenser et étudier ensemble des passages bibliques pour se laisser éclairer par la Parole de Dieu qui est vivante et qui vient susciter et éclairer nos interrogations,
- chercher dans le Catéchisme de l’Église catholique et le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église ce qui concerne le sujet en question, et si possible continuer par des textes chez les Pères, les Conciles, les théologiens et les saints.
- interroger des théologiens et des autorités compétentes pour vérifier et valider nos hypothèses et opinions.
Sur le sujet précis de la synodalité de l’Église, j’ai recensé quelques citations bibliques dans le document joint, de manière rapide et perfectible. En voici quelques unes sélectionnées qui parlent de chemin et de voie :
- Deutéronome 5, 33 : « Vous suivrez entièrement la voie que l’Eternel, votre Dieu, vous a prescrite, afin de vivre et d’être heureux, de vivre longtemps dans le pays dont vous aurez la possession. »
- Deutéronome 1, 35-36 : « Aucun des hommes de cette génération méchante ne verra le bon pays que j’ai juré de donner à vos pères, excepté Caleb, fils de Jephunné ; il le verra, lui, et je donnerai à lui et à ses enfants le pays sur lequel il a marché, parce qu’il a pleinement suivi la voie de l’Eternel. »
- Proverbes 14, 12 : « La voie qui paraît droite à un homme peut finalement conduire à la mort. »
- Psaume 1, 1 : « Heureux l’homme qui ne suit pas le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs et ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. »
- Psaume 25, 4 : « Éternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers ! »
- Psaume 119, 105 : « Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier. »
- Isaïe 9, 2 : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres Voit une grande lumière; Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort Une lumière resplendit. »
- Isaïe 40, 3 : « Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l’Eternel, Aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu. »
- Isaïe 55, 8 : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l’Eternel. »
- Ézéchiel 18, 30 : « C’est pourquoi je vous jugerai chacun selon ses voies, maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Eternel. Revenez et détournez-vous de toutes vos transgressions, afin que l’iniquité ne cause pas votre ruine. »
- Luc 6, 39 : « Il leur dit encore en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? »
- Matthieu 3, 3 : « Jean est celui qui avait été annoncé par Isaïe, le prophète, lorsqu’il dit: C’est ici la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. »
- Marc 10, 52 : « Jésus lui dit: «Vas, ta foi t’a sauvé.» Aussitôt il retrouva la vue et il suivit Jésus sur le chemin. »
- Jean 8, 12 : « Jésus leur parla de nouveau, et dit : Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »
- Jean 11, 9-10 : « Jésus répondit: N’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. »
- Jean 12, 35 : « Jésus leur dit: La lumière est encore pour un peu de temps au milieu de vous. Marchez, pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent point: celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. »
- Actes 18, 25 : « Il était instruit dans la voie du Seigneur, et, fervent d’esprit, il annonçait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’il ne connût que le baptême de Jean. »
- Éphésiens 4, 1-2 : « Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité, vous efforçant de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix.
- 2 Pierre 2, 21 : « Car mieux valait pour eux n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné. »
- 1 Jean 2, 11 : « Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, il marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux. »
Nous pourrions continuer longuement avec des centaines d’autres versets, et ajouter ceux qui parlent d’assemblée, de mission, de chant, d’Église, de Royaume, etc. C’est à partir de là qu’il faut nourrir nos intelligences et nos échanges. Et nous ne pouvons pas faire l’économie de nous référer explicitement à la Parole de Dieu dans nos discussions ecclésiales. Nous voyons dans ces versets que la venue de Jésus est une grande lumière venue éclairer le chemin. Jean-Baptiste l’annonce et le désigne, comme le feront par la suite les chrétiens. Et nous voyons aussi que nous pouvons nous tromper de chemin, surtout si nous nous pensons intelligents et avançons sans la lumière de la Révélation. Enfin, la charité est un signe que nous sommes unis à Jésus, elle en découle.
N’oublions pas cette phrase de la première épitre aux Corinthiens (13, 9-10) : “En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé.” Saint Paul ne dit pas que notre connaissance ou nos prophéties sont fausses. Il dit qu’elles sont partielles. Personne n’a la plénitude de la vérité, sinon Jésus-Christ. À nous de l’écouter, et de nous laisser guider, pour ne pas errer et tomber dans un trou.
Ce n’est pas seulement là une quête théorique et abstraite. C’est une nécessité, car Jésus règne aujourd’hui, et découvrir sa Révélation nous éclaire. Dans une homélie pour un synode (justement !), saint Bernard va dire ainsi :
« Mes très-révérends pères et seigneurs, voici les paroles de l’Évangile qui viennent de retentir à vos oreilles, et plût au ciel que tous, vous les eussiez soigneusement comprises ! L’intelligence parfaite est pour ceux qui les pratiquent. Les gens du monde, en jetant les yeux sur leurs miroirs, ont coutume de connaître leur beauté ou leur laideur. Votre miroir est d’une autre sorte, c’est par l’ouïe plutôt que par la vue, que vous y pouvez apercevoir ce qui convient et ce qui ne convient pas: ce qui empêche, ce qui est expédient, les obligations que vous impose votre charge. Votre miroir est le saint Évangile. »
Dans ce texte, saint Bernard commente le passage de Jean 10, 9 : « Qui n’entre point par la porte dans la bergerie, mais monte par ailleurs, est un voleur et un larron : quiconque entre par la porte, est le pasteur des brebis, etc. »
Et il va classer les pasteurs présents en trois catégories : les bons pasteurs qui sont les amis de Dieu, les voleurs qui détruisent tout, et les mercenaires qui sont sans vraie sagesse. Il dit ainsi :
« Si vous êtes de bons pasteurs, réjouissez-vous, parce que votre récompense est grande dans le ciel. Si vous êtes des mercenaires, craignez, parce que votre péril est grand sur la terre. Mais si vous êtes des larrons, gémissez, votre place est considérable au lieu de la punition, si vous ne vous hâtez de faire pénitence et ne rendez dignement au Seigneur le vœu que vous avez fait. »
Saint Paul dit à peu près la même chose dans sa première épître aux Corinthiens (3, 14-19) :
« Si quelqu’un a construit un ouvrage qui résiste, il recevra un salaire ; si l’ouvrage est entièrement brûlé, il en subira le préjudice. Lui-même sera sauvé, mais comme au travers du feu. Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté. »
Nous retrouvons la nécessité de la troisième sagesse. C’est Jésus-Christ qui règne avec la Cour céleste. Et nous ne pouvons pas trouver notre chemin ici-bas sans eux. D’où la nécessité de la louange, de l’adoration et de l’esprit de prophétie. L’épître aux Éphésiens dit ainsi (2, 20) : « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la pierre angulaire. » Les apôtres et leurs successeurs ne suffisent pas. Il faut aussi l’esprit de prophétie, celle qui vient de la troisième sagesse.
Le Ciel parle non seulement dans des apparitions qu’il convient d’écouter surtout si elles sont pleinement authentifiées, comme c’est le cas par exemple de Fatima et d’Akita. Mais aussi il parle à chacun, et il faut apprendre à écouter sa voix. Il faut oser partager en Église les prophéties reçues, en acceptant notre faillibilité. C’est une nécessité pour grandir dans la troisième sagesse, celle dont nous avons besoin.
Tout ceci peut être illustré par l’œuvre de Tolkien, un chrétien pétri d’Évangile. Dans le Seigneur des Anneaux, face à la montée des ténèbres et du pouvoir de Sauron, les attitudes sont diverses. Saroumane, qui apparaissait comme un grand sage, chef de tous les magiciens, et à la vue lointaine, finit par rejoindre les logiques des ténèbres pour être du côté des futurs vainqueurs. Garder sa place et continuer à influencer l’ordre visible du monde lui semble plus important que l’amour et la bonté. Denethor, l’Intendant du Gondor, représente une ancienne civilisation, qui seule semble capable de lutter contre le retour de l’ombre. Il mène courageusement la bataille. Mais la puissance du Mordor qu’il regarde trop, bien supérieure à ce qui semble rester des amis du bien et de la liberté, finit par lui faire perdre la tête par peur de la défaite. Sa démence le conduit à se donner la mort tragiquement. Sa vie fut honorable, et son cœur ne s’est pas livré aux puissances du mal. Mais il n’a pas compris la réelle sagesse, celle qui anime Gandalf le Gris, ce magicien déroutant qu’il ne comprend pas. Nourri à la même sagesse que Gandalf, Aragorn, fils d’Arathorn, le roi caché, ayant vécu en serviteur humble et discret, véritable héritier du Trône du Gondor, ne craint pas d’affronter Sauron une nuit entière au travers du Palandir, puis de partir l’attaquer dans une ultime bataille avec toutes les forces qu’il a fini par rallier. Son armée paraît ridicule face à celle de l’ennemi. Mais Aragorn n’a pas peur, car il croit aux prophéties. Il se sait héritier des promesses. Et il sait que le véritable combat est ailleurs. Ce combat extérieur n’est là que pour détourner l’attention du prince des ténèbres de l’avancée de Frondon et Sam au cœur du territoire ennemi pour aller détruire l’Anneau Unique en le jetant dans les flammes de la montagne du Destin et briser ainsi la puissance de Sauron à la racine. C’est là une folie, car l’Anneau aurait pu décupler leur puissance pour se battre contre Sauron… mais les aurait pervertis à leur tour. La Providence veillant, et les protagonistes acceptant de suivre ses chemins sans réellement comprendre, ni rien maîtriser à vue humaine, le salut advint au moment où tout semblait perdu dans une synchronicité d’évènements qui ne peut venir que d’en-haut.
Qui parmi nos pasteurs sont atteints du syndrome de Saroumane ? Ou de celui de Denethor ? Qui vit de la sagesse de Gandalf ?
Saint Bernard nous dit qu’en temps ordinaire, les mercenaires sont difficiles à “discerner des bons pasteurs; car ils ont beaucoup de caractères communs avec eux. En effet, ils sont entrés dans le bercail par une élection sans défaut: ils aiment et cherchent la paix de l’Église, ils s’emploient avec courage et succès dans les affaires ecclésiastiques ; ils ne refusent pas les fardeaux de leur charge; […]”.
“Le mercenaire (ainsi que nous l’avons dit) est celui qui voyant venir le loup, prend la fuite. Il cherche donc ses propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ, autrement, il ne fuirait certainement pas, il dé penserait plutôt ses biens et se donnerait lui-même, par-dessus le marché avant d’abandonner son troupeau aux ravages des ravisseurs. […] Oui, la moisson est abondante, et les prêtres sont nombreux, mais les mercenaires sont en majorité, et les travailleurs sont rares.”
Qu’est pour nous l’Anneau Unique ? C’est le péché originel, et l’autorité que l’humanité a ainsi donné au diable. Nous ne pouvons y résister sans l’aide d’en-haut. L’ombre revient génération après génération, et l’histoire montre que beaucoup ont souvent du mal à discerner sa présence.
Qu’est pour nous la montagne du Destin où Isildur, l’ancêtre d’Aragorn, n’avait autrefois pas osé détruire l’Anneau Unique, ce qui aurait évité de prolonger le drame ?
C’est la Croix où saint Pierre n’est pas allé. C’est le Sacré-Cœur, auquel les rois des France ne se sont pas consacrés alors que le Ciel l’avait demandé explicitement. C’est le Cœur Immaculé de Marie, auquel nous devons nous consacrer, comme la Vierge Marie l’a demandé à Fatima. Et ce en particulier par la dévotion des premiers samedis, promettant un temps de paix si nous obéissons.
« Pour empêcher la guerre, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des Premiers Samedis. » (13 juillet 1917, Vierge Marie à Fatima)
Voici la demande précise de la Vierge Marie pour les premiers samedis, à faire en esprit de réparation des offenses qui lui sont faites :
- communier,
- faire 15 min de méditation sur un des Mystères du Rosaire pour lui tenir compagnie,
- réciter un chapelet,
- se confesser.
Elle demande que les fidèles réalisent cela au minimum cinq 1er samedi du mois de suite, et que le Pape établisse officiellement cette pratique dans toute l’Église.
Plusieurs papes ont réalisé des actes de consécration de la Russie, mais aucun d’eux ne s’est malheureusement intéressé à la deuxième partie de la phrase sur la dévotion des premiers samedis tout aussi nécessaire… Et combien parmi nous ont réellement répondu à cette demande explicite de la réparation des 1ers samedis du mois ? Pourtant, cette dévotion est un tout petit effort. Une heure et demi par mois, … Et l’esprit de la demande est d’abord que de nombreux fidèles le fassent pour mériter qu’un pape l’établissent finalement dans toute l’Église.
Une Alliance s’est créée pour répondre à cette demande. Il s’agit de Salve Corda. Rejoignons-là ! Et encourageons nos amis à faire de même !
La Vierge Marie a pris le soin de nous donner elle-même le chemin à prendre. Nous pouvons donc tous être comme Frondon détruisant l’œuvre du diable, en nous consacrant au Cœur Immaculé de Marie, et en disant Oui au projet de Dieu par les premiers samedis. Quelle Miséricorde que de nous donner un moyen si simple !
La Vierge Marie a dit au vietnamien Marcel Van :
« Cependant, mon enfant, plus l’enfer aura été victorieux dans ses débuts, plus il sera honteux par la suite car ce ne sera plus moi en personne qui écraserai la tête de Satan ; mais je me contenterai de laisser mes enfants accomplir cette besogne à ma place. Voyant que j’utilise mes faibles enfants comme autant de pieds pour lui écraser la tête, Satan sera bien honteux … » (5 janvier 1946)
Le pape Jean Paul 1er, encore cardinal, a ainsi affirmé à ce sujet :
« Frères et sœurs, des nuages noirs de tempête passent au-dessus de l’humanité. Notre cœur est troublé. La Sainte Vierge a dit cependant aux enfants de Fatima, lors de l’apparition du 13 juillet : À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. »
Savez-vous que saint Maximilien Kolbe avait fondé à Nagasaki une Cîté de l’Immaculée, vivant du message de Fatima… qui a survécu à l’explosion de la bombe atomique !? Et tous ses habitants ont été indemnes !
Or, au Japon en 1973, la Vierge Marie est venue à Akita rappeler des choses similaires au message de Fatima, et en évoquant notamment un possible déluge de feu, un peu comme cette bombe atomique, mais pour toute l’humanité. Comme nous les disions, ces deux apparitions font partie de la quinzaine d’apparitions entièrement reconnues par l’Église universelle, parmi les milliers d’apparitions qui n’ont que des reconnaissances diocésaines, ou aucunes reconnaissances.
« Comme Je vous l’ai dit, si les hommes ne se repentent pas et ne s’amendent pas par eux-mêmes, le Père infligera un châtiment terrible à toute l’humanité. Ce sera un châtiment plus grand que le déluge, comme on n’aura jamais vu avant. Un feu tombera du ciel et va faire disparaître une grande partie de l’humanité, les bons comme les mauvais, n’épargnant ni les prêtres ni les fidèles. Les survivants se trouveront si désolés qu’ils envieront les morts. Les seules armes qui vous resteront, seront le rosaire et le signe laissé par mon Fils. Chaque jour, récitez les prières du rosaire. Avec le rosaire, priez pour le pape, les évêques et les prêtres. Le travail du diable s’infiltrera même dans l’Église de manière que l’on verra des cardinaux s’opposer à des cardinaux, et des évêques contre d’autres évêques. Les prêtres qui me vénèrent, seront méprisés et combattus par leurs confrères. L’Église et les autels seront saccagés. L’Église sera pleine de ceux qui acceptent des compromissions et le démon pressera de nombreux prêtres et des âmes consacrées à quitter le service du Seigneur. Le démon va faire rage en particulier contre les âmes consacrées à Dieu. La pensée de la perte de tant d’âmes est la cause de ma tristesse. Si les péchés augmentent en nombre et en gravité, il ne sera plus question de pardon pour eux. Parle avec courage à ton supérieur, il saura encourager chacune d’entre vous à prier et à accomplir des œuvres de réparation. » (Vierge Marie, 3 août 1973)
Le style apocalyptique peut déranger certains. Mais n’oublions pas que le Catéchisme de l’Église catholique affirme à la suite de l’Évangile et des Pères de l’Église que l’Église doit vivre l’échec de la Croix à la suite de Jésus. Là où la Tête est passée, le Corps doit passer.
L’Épreuve ultime de l’Église
675 Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le ” mystère d’iniquité ” sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12 ; 1 Th 5, 2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2, 18. 22).
676 Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme (cf. DS 3839), surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, ” intrinsèquement perverse ” (cf. Pie XI, enc. ” Divini Redemptoris ” condamnant le ” faux mysticisme ” de cette ” contrefaçon de la rédemption des humbles ” ; GS 20-21).
677 L’Église n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19, 1-9). Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Église (cf. Ap 13, 8) selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20, 7-10) qui fera descendre du Ciel son Épouse (cf. Ap 21, 2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20, 12) après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2 P 3, 12-13).
On peut toujours ergoter sur la vie et l’avenir de l’Église, mais le Ciel a parlé, et bien parlé. Ne pas l’écouter ne serait plus de la bêtise, mais ce serait catastrophique. Si nous l’écoutons, et répondons aux demandes de la Vierge Marie à Fatima, le Ciel nous protégera, et nous donnera une paix et une joie qui ne viennent pas du monde. Accepterons-nous que Jésus règne sur la Terre comme au Ciel ? Ou nous enfermerons-nous dans notre sagesse humaine qui n’a aucun espoir de nous donner un avenir ?
Errare humanum est… persevare diabolicum. L’erreur est humaine, mais persévérer dans l’erreur est diabolique (citation attribuée à Sénèque).
Dieu a voulu l’homme libre de dire oui ou non à son amour, et ces questions trouvent donc leur réponse dans le cœur de chacun. Dans l’immédiat, il semble important de prier pour le Synode qui s’ouvre ce 2 octobre, afin que Dieu nous mène à sa manière vers une unité que Lui seul peut donner. En ce mois d’octobre, la prière du Rosaire entier est à privilégier autant que possible comme l’a souvent demandé la Vierge Marie. La pratique des trois neuvaines à Notre-Dame du Rosaire de Pompéi (27 jours) peut aider. Padre Pio la recommandait souvent.
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (Jn 14, 27)
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