Montre-nous le Père, cela nous suffit !

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (14, 8-14)

Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »

Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?

Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.

Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.

Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.

Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai.

Commentaire

Qui est le Père pour chacun de nous ?

On dit qu’il est amour, miséricorde, tendresse… Mais il est très difficile de se le représenter, et de Le percevoir tel qu’il est réellement. Et ces attributs d’amour, de miséricorde et de tendresse peuvent être mal interprétés et devenir abstraits. À tel point que le visage de Dieu peut s’obscurcir dans nos cœurs, autour de nous, et en ce monde, alors même que l’on prétend parfois le chercher, le suivre et le servir.

Pour certains, ce qui prime en Dieu, c’est son essence, qu’il faut connaître et contempler. C’est une posture gnostique, qui cherche à accumuler des connaissances conceptuels, que ce soit sur Dieu, sur soi ou sur le monde, dans le but de faire son salut. Cela conduit en général à un repli sur soi, à une froideur et une dureté de cœur. Savoir son Credo et l’asséner aux autres est une grande perfection. Toute parole qui ne semble pas rentrer dans notre manière de penser et de dire est par défaut suspect et à critiquer.

Pour d’autres, c’est la volonté qui prime en Dieu. Dieu aime et fait, les deux sont une seule chose. Alors il faut suivre Dieu dans ses choix. Il faut s’abandonner à sa Divine Volonté. Celle-ci représente tout l’être de Dieu et toute son essence. Il faut se mouvoir dans cette Volonté, et en suivre tous les mouvements. Cela peut être exaltant, car cela ressemble à une grande aventure. On n’est pas seul, mais on ne veut plus fréquenter ceux qui ne partagent pas notre idéal. Ceux-ci ne nous intéressent plus. Et on finit en burn-out : la dépression et la tristesse sont au bout du chemin. On s’aperçoit alors que l’on a tout quitté pour Dieu ou pour notre idéal, on a cheminé longuement, mais on n’a rien construit. Notre maison intérieure n’avait pas de fondements suffisants pour résister à toutes les tempêtes et pour pouvoir toujours trouver un lieu de repos et de ressourcement en Dieu.

Pour d’autres encore, Dieu est une sorte d’être indéterminé. Sa perfection est d’être au-delà de toutes les perfections, et finalement de n’en avoir aucune. L’Évangile sert à dynamiter tout ce qui paraît trop figé, et toute représentation ou parole sur Dieu. Chercher Dieu consiste à quitter toutes nos déterminations pour trouver en lui une paix qui ressemble à une plongée dans le vide. Et s’il y a la Trinité, c’est une sorte de co-vide, d’expression à trois d’un même vide où tout disparaît en ne faisant plus qu’un. Et c’est la qu’advient la communion quand toute chose retrouve cette unité uniformisante où chacun peut être la totalité et le modèle de toute chose, puisque tout est pareil. C’est une tristesse sans nom, car il n’y a alors plus d’amour. Cela peut être très long.

Alors qui est le Père ?

Je dis bien le Père, et non pas Dieu. Car le Fils est l’Image du Père, et l’Esprit-Saint est également une Image du Père. Si l’on n’a pas compris qui est le Père, alors on ne peut comprendre ni le Fils, ni l’Esprit-Saint, ni la Trinité, ni Dieu tout simplement.

D’où la question de Philippe : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »

Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » Ce n’est pas une réprimande, mais un constat, qui s’adresse à chacun de nous. Jésus est venu et a fondé l’Église il y a 2000 ans, et pourtant nous ne connaissons pas le Père. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est l’Évangile, et c’est aussi le Père lui-même qui l’a dit à Mère Eugénia au siècle dernier dans un message que je vous invite à lire (https://lafrancechretienne.files.wordpress.com/2018/08/mere-eugenie-ravasio-messages-de-dieu-le-pere.pdf).

Un dicton dit : Au sujet de Dieu, si tu penses avoir compris, c’est que ce n’est pas Dieu. Alors il faut toujours être prêt à revisiter nos croyances pour voir s’il n’y a pas quelque chose qui nous aurait échappé.

Pour sortir le monde de ses errances, Dieu veut nous révéler le Père. Nous en avons déjà parlé dans d’autres articles :

Il y là quelque chose à trouver. Une perle rare, un secret du cœur de Jésus.

« Celui qui m’a vu a vu le Père. », nous a dit Jésus. Et comment voir Jésus, si ce n’est au travers de toutes ses relations charnelles, familiales et amicales, qui l’ont formé dans son humanité.

Comment regardons-nous Jésus ? Comme une personne isolée, lointaine, froide ou sans amour ? Ou comme une personne humaine enveloppée d’amour et de tendresse depuis son accueil dans le foyer de Marie et Joseph, jusque dans toutes les âmes et tous les foyers où il aura été accueilli, et où il a fait le choix de s’y abaisser dans la petitesse pour y demeurer dans l’Amour.

Notre vocation est de fonder chacun un foyer d’amour, avec Jésus. La vocation de nos villages est d’être des foyers d’amour. La vocation de nos pays est d’être des foyers d’amour. La vocation du monde est d’être un foyer d’amour.

Nous sommes à l’image du Fils, lui même à l’Image du Père.

Le Père est un Foyer d’Amour. Le Fils est un Foyer d’Amour. Et l’Esprit-Saint est un Foyer d’Amour. La Trinité est une Communion de trois Foyers d’Amour. Chaque Foyer vit l’amour dans une force centripète, et entre dans l’amour trinitaire dans une force centrifuge. Chaque Foyer est un Feu et une Étreinte Nuptiale qui cherche à se répandre par surabondance d’amour. La Trinité n’est pas le modèle d’une société univoque et uniforme, elle est l’expression de la diversité de l’Amour qui crée de multiples foyers d’amour différents. La Trinité n’est pas la froideur d’une pensée qui se contemple elle-même, elle est un amour qui se vit et se partage. La Trinité n’est pas la perte dans le don de soi. Elle est la pleine réalisation de soi dans l’amour, où chacun goûte la joie de reposer dans son Foyer, tout en sachant s’ouvrir aux autres Foyers, et servir ensemble une œuvre commune.

Mais vous me direz que l’Amour est vécu entre les Personnes divines, comment peut-elle être vécu chez chaque Personne divine dans un Foyer d’Amour ? Saint Thomas d’Aquin dit quelque part que s’il existait d’autres relations que celles qui forment les trois Personnes divines, elles ne pourraient être qu’à l’intérieur des Personnes elle-mêmes, et non entre elles. Car la perfection de l’Amour est dans la Trinité. Ainsi, il est possible qu’un niveau de relations existe en Dieu au sein des Personnes divines. Il est possible que chaque Personne Divine vive ce jeu de relations en se les partageant mutuellement.

On peut comparer cela à des poupées russes, on enlève la poupée du jeu des relations trinitaires, et on trouve en chaque Personne le jeu plus petit des relations qui constituent un Foyer d’Amour…

Le Père est un Foyer d’Amour. Et de fait, comment celui dont toute chose est à l’Image ne serait-il pas déjà un mystère d’Amour ? Comment la Source de toute chose ne serait-elle pas l’Amour ?

Alors, si nous voulons vivre à l’image du Père, accueillons Jésus dans nos foyers pour qu’ils deviennent des foyers d’Amour. Parlons à Jésus, discutons avec Jésus, … Qu’il soit notre hôte, notre ami et notre époux. À ce sujet, je vous conseille de lire la vie de Marcel Van (par exemple le livre de Marie-Michel, L’Amour ne peut pas mourir) qui a particulièrement pour mission de nous faire entrer dans le mystère de l’Amour de Jésus.

Quand je dis que Jésus est notre époux. Je ne veux pas qu’il y ait de confusion : ce n’est pas un époux au sens habituel. On le voit chez la Vierge Marie : son époux en plus de Joseph est l’Esprit-Saint, et Jésus vient chez eux comme un Enfant. Ainsi épouser Jésus, c’est accueillir l’Esprit-Saint en plénitude pour que Jésus naisse chez nous et soit toujours avec nous. Nous devons réaliser en petit et de manière cachée ce que Marie et Joseph ont réalisé en grand.

Et je parle bien aussi de Joseph. Une confusion fréquente consiste à considérer son absence lors de la vie publique comme un signe du Père éternel. Et c’est vrai, cela nous interpelle sur l’existence de ce Père du Ciel. Mais pour comprendre qui est le Père, à quoi il ressemble, je crois que le mieux est de considérer le Foyer d’Amour de la Sainte Famille dans son intégralité.

Au soir de cette vie, nous serons jugés sur l’amour, nous disait la petite Thérèse. Au soir de cette vie, nous ne serons pas jugé sur un examen de catéchisme, ni sur la puissance de notre volonté, ni sur notre ouverture à tout ce que l’homme peut faire dans le bien comme dans le mal. Nous serons jugés sur l’amour. C’est à dire sur la manière dont nous aurons adhéré d’une manière ou d’une autre au projet de Dieu de constituer des Foyers d’Amour en communion les uns avec les autres. Pour cela, Dieu envoie sa Vie et ses Grâces… Il nous sollicite intimement et extérieurement pour nous entraîner dans son mouvement et quitter les courants qui cherchent à s’y opposer.

Il est étonnant que Dieu ait voulu solliciter notre liberté pour réaliser son œuvre d’amour, et permette que certains n’y adhèrent pas. Un jour, il nous expliquera pourquoi. Mais cela ne doit pas nous détourner de notre responsabilité concrète d’aujourd’hui : Allons-nous aimer ?

Dire que le Père est un Foyer d’Amour, que le Fils est un Foyer d’Amour, que l’Esprit-Saint est un Foyer d’Amour, et que la Trinité est une Communion de Foyers d’Amour, peut étonner certains. Vous avez le droit de ne pas être d’accord. Comme disait un de mes professeurs de théologie : dans l’Église, il est bon qu’il y ait du débat. Mais pour paraphraser un autre : l’Amour a peut-être encore des choses à nous dire sur Dieu.

Ce qui est dit ici ne remet pas en cause la diversité des états de vie : un consacré dans le célibat pour Dieu réalise tout autant un foyer d’Amour en accueillant l’Esprit-Saint et en vivant avec Jésus pour la gloire du Père, en communion avec les anges et les saints, que ne le ferait un homme et une femme qui fonderaient un foyer pour accueillir des enfants.

Ce qui est dit ici veut cependant montrer que le véritable renouveau de l’Église et du monde doit passer par un approfondissement conséquent du mystère du Père et de toute la Trinité. Point ne sert aujourd’hui de vouloir changer l’organisation ecclésiale, ou les institutions politiques de nos pays, comme certains chrétiens semblent tenter de le faire. Ce serait bâtir sur le sable, et peut-être même faire pire qu’avant. L’important aujourd’hui est de plonger dans la prière et la contemplation pour goûter les mystères du Père, et ce n’est qu’à partir de cette source, que nous pourrons, lentement et progressivement, initier des changements.

Nous donnerons donc trois moyens pour cela :

  • Réaliser une neuvaine à Saint-Raphaël, pour qu’il guérisse nos yeux de notre cécité sur le mystère du Père et de Dieu, et nos corps des maux qui accablent notre époque, et nous guide vers un monde renouvelé dans l’Amour. Par exemple, celle-ci.
  • Suivre les demandes de Fatima pour obtenir la paix, et en particulier la dévotion des cinq premiers samedis consécutifs. De fait, c’est la Vierge Marie qui est la plus à même de nous enseigner les mystères de Dieu, car elle a accueilli le Verbe de Dieu en son sein. Une Alliance s’est créée autour des premiers samedis pour réaliser cette demande : https://salve-corda.org/
  • Se consacrer au Sacré-Cœur de Jésus, et aussi au Cœur Immaculé de Marie, et au Cœur Glorieux de Joseph. Ces trois Cœurs unis sont l’exemple même du fait de fonder un Foyer d’Amour avec Jésus. Et nous avons aussi parler dans nos articles de la consécration de la France à ces Cœurs unis qui pourraient être réalisés d’un même cœur par des représentants de tous les états de vie (ce qui correspond bien à l’esprit de la nouvelle évangélisation). La France témoignerait par là qu’elle accepte de servir le projet d’Amour de Dieu.

La vocation de la France

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