Le signe de la Sainte Famille

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. » Is 9,1

« Je vis ensuite un autre Ange, puissant, descendre du ciel enveloppé d’une nuée, un arc-en-ciel au-dessus de la tête, le visage comme le soleil et les jambes comme des colonnes de feu. Il tenait en sa main un petit livre ouvert. Il posa le pied droit sur la mer, le gauche sur la terre, il poussa une puissante clameur pareille au rugissement du lion. » Ap 10,1-3

« Un signe grandiose apparut au Ciel : une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pied et douze étoiles couronnent sa tête ; elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. » Ap 12,1-2

Comme les bergers à la Crèche, nous voyons se lever avec saint Joseph un immense signe. Il nous a été donné de contempler dans le ciel du monde un profond mystère : celui de la Sainte Famille ! C’est là, entre Marie et Joseph, qui forment ensemble l’Épouse de l’Agneau que le Verbe de Dieu a pris chair comme un Enfant. Ce signe marque selon nous l’heure du septième ange, celui de la septième trompette, celui où le mystère de Dieu va s’accomplir. Non pas pour mettre fin à toute chose, mais pour nous faire entrer dans son projet divin. C’est le signe dont nous parlions et qui doit parler au cœur des hommes de ce temps pour qu’un chemin s’ouvre vers un grand renouveau (cf. Le signe de Jonas).

C’est un mystère d’alliance (dont le signe est l’arc-en-ciel que l’on voit dans l’ange d’Apocalypse 10) entre un masculin (la mer) et un féminin (la terre) d’où jaillit une vie (une clameur, un livre…). La Femme d’Apocalypse 12 n’est pas Marie toute seule, mais c’est Marie et Joseph qui représentent l’Église, accueillant l’Enfant Jésus qui est l’Agneau, l’Époux. Marie et Joseph ont été unis sur la terre, et ils le sont au Ciel. Ils sont le couple qui annule la faute du couple originel d’Adam et Ève en disant oui au projet de Dieu.

Il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu par la porte. Et quelle est cette porte ? C’est le mystère de la Sainte Famille. C’est un mystère à la fois très divin et très humain. Un amour masculin-féminin-enfantin, où l’enfant est Dieu lui-même qui vient habiter entre le masculin et le féminin pour les réconcilier. C’est un mystère qui nous montre que la vie en Dieu est faite d’union et de fécondité.

Selon nous, les anges eux-mêmes sont chacun union et fécondité, et non pas seulement des individus solitaires. La tradition parle d’eux comme étant chacun une espèce. Eh bien, c’est que chacun d’eux est un mystère masculin-féminin-enfantin. À mi-chemin entre Dieu et nous, ils gardent de Dieu d’être chacun amour, tout en étant des créatures. Ils sont chacun une famille ; et ils sont ensemble une communauté de familles. C’est un profond mystère, qui a été gardé pour ce temps de la septième trompette, pour amorcer un renouveau en renouvelant notre regard jeté vers le monde d’en-haut. Cf. Des anges, de leur existence et de leur sexe.

Le monde spirituel a pu paraître à certains froid et lugubre. De fait, ils n’y ont vu que la perversion démoniaque faite de solitude. Certains ont préféré se replier sur leur propre lumière. Et aujourd’hui c’est le mystère de la famille qui est en train de disparaître (homosexualité, trans-genre, infidélité, avortement, etc) plongeant ce monde dans d’immenses ténèbres. Car la famille est le lieu primordial d’où la lumière de Dieu se répand dans le monde. Nous y découvrons un amour fait de ressemblance et de dissemblance. Nous y découvrons le mystère de l’alliance. Nous y découvrons un joyeux jaillissement de vie.

La Vierge Marie a dit à sœur Lucie de Fatima que le combat ultime contre Satan se jouerait au sujet de la famille. C’est que la fine pointe de notre spiritualité doit être guérie dans notre rapport à la famille. Le péché originel après nous avoir coupés de Dieu a abîmé notre rapport à la famille. Il nous faut désormais découvrir comment l’amour familial vient de Dieu le Père par le Fils et dans l’Esprit, en ruisselant par participation au travers de tous les êtres du monde créé.

Une spiritualité solitaire ne peut pas refléter ce qu’est Dieu et ne répand sur le monde que tristesse et désolation, dans une froide et pâle lumière qui au lieu d’être le cumul de toutes les couleurs est en fait absence totale de couleur. Une lumière à laquelle il faut préférer la douce nuit obscure où l’on trouve l’Enfant de Noël. Le cœur même de toute spiritualité se trouve donc dans le Cantique des cantiques là où se scellent les Alliances éternelles.

Heureusement, le Seigneur a prévu un signe grandiose : celui de Jésus, Marie et Joseph, celui qu’ont vu les mages en suivant l’étoile ! Il nous désigne un chemin. Jésus a dit : « Qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14,9). Or, pour voir Jésus, il faut regarder tout le tissu relationnel et familial où sa vie s’est déployée. Et non pas le prendre comme un être isolé tombé seul du Ciel sans aucun enracinement. Jésus a pris chair dans le fécond mariage virginal de Marie et de Joseph… À leur école, on voit que la vie du Royaume contient le cumul de ce que représentent toutes les vocations. La virginité pour le Royaume n’est pas exempte d’union et de fécondité ; et le mariage chrétien est aussi présence vivante du Seigneur Jésus en ce monde.

Nous aurons toute notre vie et notre éternité pour découvrir le mystère de la Sainte Famille ! Dieu est grand ! Louons-le pour son amour qui nous accompagne !

Jésus, Marie et Joseph veillent en permanence sur chacun de nous. Marie et Joseph ont dans le plan de Dieu, comme les Séraphins, la capacité de se rendre présents à tout ce qui se passe à chaque instant dans le monde. Jésus, lui, par sa divinité, est capable de voir et d’agir à toute chose de tous les instants. Quand aux autres anges, plus l’on descend dans les chœurs angéliques, plus la capacité de se rendre présent aux choses d’un instant donné diminue. Et l’humanité, hormis pour la Sainte Famille, est au bas de l’échelle. Mais c’est une joie pour nous, petites fleurs dans un si grand jardin, de participer ainsi à ce concert de l’amour. C’est une joie que l’Enfant-Dieu s’abaisse à venir naître dans nos cœurs, se livre dans nos mains. Et c’est une grande joie que de savoir que nous avons en Marie et Joseph une maman et un papa qui veillent sur nous personnellement à chacun instant. C’est la bonté du Père qui se manifeste en eux.

Soyons certains, qu’au-delà de toute épreuve qui peut fondre sur nous, la Sainte Famille nous accompagne, et saura nous relever de tout échec. Ce qui nous attend au-delà de la Croix qui se dresse à l’horizon, c’est la civilisation de l’amour. N’ayons pas peur de prendre le chemin du désert qui mène vers la Terre Promise, car nous voyons dans le signe de la Sainte Famille la belle lumière du Royaume qui ne nous décevra pas. Cf. Un Père de Famille.

Par la Sainte Famille, l’Esprit-Saint se répand sur le monde et peut renouveler toute chose…

Alors, à l’occasion de la fête de saint Joseph, prions pour que le signe de la Sainte Famille se rende visible aux hommes et aux femmes de notre temps pour amorcer un grand renouveau.

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