À Paray-le-Monial au XVIIème siècle, Jésus a révélé à sainte Marguerite-Marie combien son cœur était brûlant d’amour pour tous et chacun en particulier. Il veut amener toute personne et toute réalité à reposer sur ce foyer brûlant de charité. Entre autre, il a demandé que Louis XIV consacre la France à ce divin Cœur. Ce qui ne fut pas fait, pour notre malheur. Beaucoup considèrent que la tourmente révolutionnaire et les vicissitudes qu’ont connu la France depuis viennent de ce refus. 100 ans séparent l’absence de réponse du début du chaos.
Diverses tentatives ont été effectuées pour remédier à cela, depuis celle de Louis XVI en prison, jusqu’aux consécrations de 1915 par les évêques lors de la première guerre mondiale et de 1945 par des pères de famille suite à la deuxième guerre mondiale (cf. https://francecoeurdejesus.fr/). Cette année, l’initiative des 100 étoiles de Marie (https://100etoiles.com/) porte le projet d’une consécration aux Cœurs unis de Jésus et Marie. De nombreuses consécrations personnelles ont eu lieu. Mais beaucoup pose la question de savoir qui peut consacrer la France au Cœur de Jésus alors que la demande était adressée au roi. Une réponse simpliste voudrait que les évêques soient à même de le faire, ce qui n’est pas faux, mais peut-être faut-il chercher un peu plus loin quelle est la volonté du Ciel à ce sujet pour répondre correctement à la demande.
Le 21 juin 1823, Jésus a dit à sœur Marie de Jésus :
« La France est toujours bien chère à mon divin Cœur. Je prépare toutes choses pour qu’elle lui soit consacrée ; après quoi je lui réserve un déluge de grâces, et toute la terre ressentira les bénédictions que je répandrai sur elle. La foi et la dévotion refleuriront en France par la bénédiction de mon divin Cœur. »
Le sujet est donc d’importance. Les dons de Dieu sont sans repentance, et nous pouvons être sûr qu’Il saura nous montrer comment puiser dans son Divin Cœur de quoi relever notre pays.
Dans les apparitions au vietnamien Marcel Van que tout Français devrait connaître, Jésus a dit en 1945 :
« Van, n’oublies pas le pays que J’aime le plus, tu entends ?… Le pays qui a produit la première petite fleur qui, depuis, en a engendré beaucoup d’autres…..
Cette petite fleur, c’est celle que J’ai choisie pour être ta sœur aînée, Thérèse…
Van, considère cette fleur-là et comprends ceci : c’est en France que mon amour s’est tout d’abord manifesté.
Hélas ! Mon enfant, pendant que le flot de cet amour coulait par la France et l’univers, la France sacrilègement l’a fait dériver dans l’amour du monde, de sorte qu’il va diminuant peu à peu.
C’est pourquoi la France est malheureuse. Mais, mon enfant, la France est toujours le pays que J’aime particulièrement.
J’y rétablirai mon amour. Et pour commencer à répandre sur elle mon amour, Je n’attends désormais qu’une chose : que l’on m’offre suffisamment de prières.
Alors, mon enfant, de la France, mon amour s’étendra dans le monde.
Je me servirai de la France pour étendre le règne de mon amour partout…
Surtout, prie pour les prêtres de France, car c’est par eux que J’affermirai en ce pays le “Règne de mon Amour….” »
(https://touteslespropheties.wordpress.com/2017/11/26/marcel-van/)
Dieu attend nos prières, et une forme de prière qu’il affectionne et demande est celle de la consécration au Sacré-Cœur que l’on associe régulièrement au Cœur Immaculé de Marie et souvent au Cœur de Joseph. La dévotion à ces trois cœurs et jusqu’à l’idée même de consécration vient de l’école française de spiritualité. Saint Jean-Eudes, Pierre de Bérulle, saint François de Sales, Jean-Jacques Olier, saint Louis-Marie Grignon de Montfort, etc. C’est chez eux en France que sont nés ces trésors de spiritualité et de dévotion qui ont été légués ensuite à l’Église universelle.
Écoutons saint Jean-Eudes qui formule là quelque chose de novateur pour l’époque :
« Nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Qui voit Jésus voit Marie, qui aime Jésus aime Marie. […] Il nous faut regarder et adorer son Fils en elle. »
Œuvres Complètes, vol. I, Saint Jean Eudes
« Après Dieu, saint Joseph est le premier objet de l’amour de sa Très Sainte Épouse et il a la première place dans son cœur ; car Marie étant tout à saint Joseph, comme l’épouse est à son époux, le cœur de Marie était à Joseph. Non seulement il était à lui, mais s’il est dit des premiers chrétiens qu’ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme, combien davantage peut-on dire de la bienheureuse Vierge et de son saint époux qu’ils n’avaient qu’une âme et qu’un cœur par un lien sacré d’amour et de charité. Il est donc constant que Joseph n’a qu’un cœur avec Marie, en suite de quoi nous pouvons dire que Marie n’ayant qu’un cœur avec Jésus, Joseph, par conséquent n’a qu’un cœur avec Jésus et Marie. De sorte que, comme dans la Trinité adorable du Père, du Fils et du Saint Esprit, il y a trois personnes qui n’ont qu’un cœur, ainsi dans la Trinité de Jésus, Marie, Joseph, il y a trois cœurs qui ne sont qu’un cœur. »
Joseph Modèle de vie pour notre temps, Editions Marie de Nazareth, Paris, 2020, pages 45-46
La demande originelle de Paray-le-Monial était la consécration au Sacré-Cœur de Jésus. Cela a conduit par désenveloppement du mystère à des consécrations aux deux Cœurs unis de Jésus et Marie. Et le Seigneur semble finalement vouloir nous mener vers des consécrations aux trois Cœurs unis de Jésus, Marie et Joseph. C’est là un aboutissement d’une longue pédagogie par le Seigneur pour manifester pleinement les trésors de son Cœur (cf les apparitions d’Itapiranga).
Cf. https://www.sossaintjoseph.com/devotion-aux-3-coeurs-unis-de-jesus-marie-et-joseph
Ce troisième tournant d’inclure saint Joseph, bien que présent dès les écrits de saint Jean-Eudes, n’a pas encore été pris amplement. Il semble cependant nécessaire pour aller au fond des choses.
Pour appuyer le sens de ces consécrations, attardons-nous donc sur la place de Marie et Joseph.
Ceux-ci ont eu le privilège immense d’accueillir dans leur foyer Jésus le Verbe Incarné. Par la suite, il lui reste étroitement unis et ils ont mission de nous mener dans le Royaume, de veiller sur nous. Marie est Mère de l’Église et Joseph est protecteur de l’Église universelle. Pour cela, ils partagent avec les Séraphins la capacité d’être présents et attentifs à toutes choses d’un instant donné. Ils sont là à nos côtés, ils nous regardent chacun et nous aiment d’un amour unique. C’est un grand mystère.
Dieu, et donc Jésus, est présent à toute chose de tous les instants, car il est hors du temps. Les Séraphins, qui sont selon de nombreuses traditions au nombre de sept, et qui forment le premier des neuf chœurs angéliques, sont présents et portent leur attention sur toutes les choses d’un instant donné. Puis, plus l’on descend dans les chœurs angéliques, plus les anges sont en nombre important et moins leur présence et attention se portent sur de multiples choses. Et ce jusqu’aux anges gardiens qui avec nous et comme nous (bien qu’un peu plus que nous) ne peuvent être présents et porter leur attention que sur une petite portion de la réalité.
Mais Marie et Joseph, qui ont accueilli l’Enfant-Dieu, ont veillé sur Lui et Lui restent unis, peuvent se rendre présents et porter leur attention sur l’ensemble de la Terre et du Ciel. C’est un mystère immense. Un privilège unique pour eux au sein de l’humanité. Il faut le contempler, se laisser saisir, en être bouleversés. Ils sont là à nos côtés, nous regardent, nous aiment, nous encouragent, nous donnent des grâces. Nous ne sommes plus orphelins ! (Jn 14, 18)
Chacun de nous sommes toujours non seulement en présence de Jésus, du Père et de l’Esprit-Saint, mais aussi de Marie et Joseph, de notre ange gardien, et très certainement de quelques autres anges et saints. Comme les aveugles de l’Évangile qui se mettent à voir, il faut que nos yeux s’ouvrent à cette lumière, à ces présences aimantes et bienveillantes qui viennent nous sauver de nos péchés et de nos errances et nous établir dans un Royaume merveilleux. C’est bouleversant ! Cela change une vie. Et il faut voir chaque personne rencontrée non pas comme un orphelin, mais comme plongée dans un mystère d’amour, avec des regards de tendresse et de bonté posés sur elle. Et ce sont des présences vivantes et agissantes ! Nous ne serons plus jamais seuls !
Cela réchauffe déjà le monde que de jeter son regard jour après jour vers ce monde d’en-haut, ce qui peut demander un effort et une fidélité. La pratique du chapelet à la Vierge Marie permet d’entrer dans ce mystère. Il existe aussi un chapelet à saint Joseph : https://fr.aleteia.org/2018/03/14/comment-prier-saint-joseph/. Nous sommes tous quelque peu autistes par rapport à ces réalités, alors plongeons-nous dans la prière, apprenons à voir ce qui est caché et découvrons ce qu’est finalement la vraie vie.
Se consacrer au trois Cœurs unis de Jésus, Marie et Joseph, c’est choisir d’entrer dans ce mystère. C’est vouloir vivre avec Jésus et le laisser vivre en nous. C’est accueillir le manteau de Marie comme une présence aimante et bienveillante qui s’accompagne d’une effusion de l’Esprit-Saint, car Marie est Épouse de l’Esprit-Saint. C’est vouloir que Joseph veille sur nous à chaque instant comme il a veillé sur la Sainte Famille, qu’il nous protège de son bâton et nous mène de l’avant. C’est entrer avec eux dans le Royaume de Dieu avec tous les anges et tous les saints pour la gloire du Père. C’est vouloir que leur vie passe dans nos vies, que les mouvements de leurs cœurs passent dans nos cœurs. C’est reposer sur le Cœur de Jésus et laisser ce Cœur habiter en nous. C’est la vie que Dieu a voulu pour nous. L’Eucharistie est le lieu par excellence pour vivre de ce mystère d’amour, pour qu’il pénètre en nous, pour que nos yeux s’ouvrent, que nos intelligences en soient illuminées et que nos volontés y adhèrent.
Passer à côté de ce mystère est un drame qui nous coupe de l’amour et de notre destinée. Et cela fait souffrir Jésus, Marie et Joseph.
Alors la consécration aux trois Cœurs unis de Jésus, Marie et Joseph n’est pas une option ou une dévotion parmi d’autres. Mais c’est le véritable horizon de nos existences, c’est la porte d’entrée vers le Ciel, c’est une plongée dans le Royaume. Consacrer la France est la condition de son relèvement, une condition nécessaire, et même suffisante si l’on en croit la sœur Marie de Jésus.
La demande de Paray était adressée au roi sous l’appellation de « fils aîné du sacré Cœur », « fidèle ami » de Dieu et « grand monarque ». Le roi n’est plus. Pour obéir à la demande de Jésus, il ne s’agit pas bien sûr de réaliser un coup d’état pour rétablir un monarque. Comme le disait déjà saint Martin pour l’évangélisation des Gaules, tout renouveau vient d’abord du cœur et de la prière, puis il se propage dans l’Église au travers de communautés vivant selon le saint Évangile et vibrante de charité, et ce n’est qu’enfin que cela rejaillit dans un renouvellement des instances politiques et temporelles.
Non ! La consécration est une première pierre à poser et non le parachèvement d’un changement. Dieu aime nous donner des énigmes pour que nous cherchions et trouvions (Mt 7, 8). Ses dons sont sans repentances et Il est toujours prêt à donner son amour à celui qui revient vers Lui. Alors Il saura nous montrer comme réaliser aujourd’hui une consécration selon sa volonté.
Pour avancer sur ce sujet revenons au monde des anges dont nous avons déjà parlé. Pour ceux qui ne seraient pas familiers des anges, nous conseillons ces deux articles que nous avons écrit :
- https://sagessechretienne.fr/2021/02/17/nos-amis-les-anges/
- https://sagessechretienne.fr/2022/04/09/mais-qui-sont-les-anges/
Les pays ont des anges protecteurs, et de même pour les Églises et les groupes constitués. Ces anges sont des Principautés et des Archanges. Des personnes en mission (prêtres, prophètes, monarques, etc) ont également de tels anges à leur côté. Dans l’introduction du livre de Jean-Jacques Olier sur les anges, il est décrit comment une religieuse avait un ange pour l’assister et comment celui-ci est ensuite passé au saint prêtre pour continuer avec lui sa mission. C’est ainsi que les anges des chœurs supérieurs ont des ambassadeurs parmi les hommes et les femmes de chaque époque pour agir particulièrement à travers eux. Ce sont des élus qui sont pour un temps comme des représentants de ces anges parmi les hommes.
Nous pensons que les petits apôtres de l’amour, annoncés par Jésus à Marcel Van, et également à Marthe Robin, sont en fait des représentants des anges des chœurs supérieurs parmi les hommes. Ils sont élus pour manifester les perfections divines de ces anges, et par là de celles de Dieu. Leur langage et leurs actes montreront que leur mission vient de Dieu, et ils sauront ramener ce monde à l’amour de la Trinité. Le monde gémit aujourd’hui dans les douleurs car il attend la manifestation de ces petits apôtres.
Parmi tous les anges, ceux qui veillent sur nos pays ont aussi leurs représentants. Ainsi peuvent être appelés roi ou reine de France les représentants des anges protecteurs de la France. Est appelé grand monarque et fils aîné du Sacré-Cœur le représentant de l’ange protecteur du pays qui est saint Michel.
Une religieuse à qui Jésus apparaissait au XXème siècle était appelée par celui-ci « reine de France ». La Petite Thérèse aimait appelé son papa « mon roi de France ». Jeanne d’Arc est de toute évidence une représentante de l’ange protecteur de France qu’est saint Michel, et l’histoire de la triple donation du Royaume vient appuyer notre propos (https://www.infocatho.fr/la-triple-donation-du-royaume-de-france-un-pacte-conclu-entre-dieu-et-la-france/).
Ainsi, une consécration au Cœur de Jésus peut être faite par des représentants des anges protecteurs du pays. On note dans les exemples donnés plus haut qu’il y a tous les états de vie. Les grands anges ont de fait des représentants chez les laïcs, les clercs, les religieux et les consacrés de toutes sortes. Nous pourrions donc organiser une consécration avec des membres de tous les états de vie comme représentants des anges protecteurs du pays, et de la France dans toutes ses dimensions. Cela irait bien d’ailleurs avec l’idée très répandue que la Nouvelle Évangélisation passe par une communion renouvelée entre les différents états de vie.
Et il faudra alors prier Dieu de nous donner des signes clairs pour connaître ceux qu’il a élu comme représentant les anges protecteurs de notre pays, puis choisir en conscience et en lien avec nos évêques des personnes de tous les états de vie : mariées avec enfants, célibataires, diacre, prêtre, évêque, religieux, religieuse, laïc consacré, vierge consacrée, etc. Dieu écoutera notre bonne volonté, il saura nous aider dans nos choix et nous montrer la route à suivre, et il agréera la consécration de notre pays par ces représentants de tout ce qui forme le Règne de Dieu en France. Ils seront un symbole de l’unité des composantes de notre Église. Et ce sera alors l’occasion de rechercher les réalités d’en-haut qui seules peuvent nous sortir de nos impasses.
Des personnes de tous les états de vie représentant l’Église de France pour consacrer la France aux trois Cœurs unis de Jésus, Marie et Joseph qui forment la première Église… Là est très certainement la volonté de Dieu pour une nouvelle consécration de la France au Cœur de Jésus.
Alors, vive les trois Cœurs unis de Jésus, Marie et Joseph ! Et vive la France !