La Sainte Messe

Quelle merveille que la messe ! Dieu lui-même se donne à nous.

La messe nous plonge dans la vie du Christ, elle rend présent sa Passion, sa mort et sa Résurrection, et elle nous ouvre les portes du Ciel. Le Christ Ressuscité vient par la communion habiter en nous. Il forme ainsi l’Église, son corps mystique, où nous sommes un seul cœur et une seule âme.

La première finalité de la messe se trouve dans cette phrase prononcée dans la liturgie : “pour le gloire de Dieu et le salut du monde”. C’est-à-dire d’un côté dans le fait de nous unir à Dieu : il s’agit de surélever la nature humaine à la divinité et de nous guérir du péché. Et de l’autre dans le fait de nous entraîner dans les mouvements de la vie divine. Celle-ci fait irruption en nous par Jésus-Christ. Et cette vie divine suscite quatre autres finalités à la messe. Celle de louer Dieu pour sa grandeur de la manière même dont les Personnes divines s’échangent des paroles d’amour. Celle de rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits immenses. Celle de lui demander pardon et miséricorde pour nos manquements à son alliance. Celle de lui demander son aide et d’intercéder pour les autres.

Certains disent que la messe ne doit pas être le centre et le tout de la vie chrétienne : celle-ci doit s’exprimer dans de multiples réalités. De fait, la messe est la source et le sommet de la vie chrétienne. C’est la porte d’entrée du Royaume de Dieu et c’est là où se célèbre la gloire du Ciel. Mais le centre et le cœur de la vie chrétienne est la présence du Christ dans nos cœurs et au milieu de son peuple. C’est l’union à Dieu pour sa gloire, qui est vécue à la messe, mais qui a vocation à s’étendre partout. La messe nous unit au Christ pour qu’il soit présent partout dans nos vies, et partout dans nos communautés. Et pour qu’avec lui nous ramenions toutes choses en lui en l’offrant à l’autel.

C’est le Christ dans sa gloire qui est uni à nous. Mais c’est aussi le Christ dans sa vie terrestre et dans sa Pâques qui est là à nos côtés chaque jour, et en particulier à la messe. Et ce jusqu’à la fin du monde, car le Christ dans sa vie terrestre a tout assumé depuis l’origine du monde jusqu’à la consommation au jugement dernier.

L’union au Christ nous unit à Dieu et à tous nos frères et sœurs. La vie chrétienne est un immense mystère d’amour. Dieu nous a créés pour nouer une relation d’amour avec nous. Il est venu nous voir et nous introduit dans le Royaume des Cieux faits d’échanges et de rencontres. Dieu veut s’unir à chacun. Aimer son prochain, c’est aimer Dieu qui a fait alliance avec lui, qui a sur lui un projet d’amour. Vivre en frères et sœurs dans la charité, c’est laisser le Christ rayonner et embraser le monde.

Certains se posent la question d’ouvrir la communion aux divorcés-remariés pour ne pas leur refuser les grâces associées à ce sacrement. La réponse en général est que leur état connu publiquement contrevient à la notion d’alliance, et est donc un contre-témoignage. Ils peuvent communier spirituellement et obtenir par là les grâces que Dieu veut leur donner, mais il faut accepter que leur état déficient ne leur permette pas de poser le geste de la communion. Ce mystère est trop grand pour être bradé. Cette interdiction pourrait d’ailleurs être étendu à ceux qui vivent en concubinage, et particulièrement quand il s’agit de couples homosexuels qui voilent considérablement par leur état la notion d’alliance si centrale dans la Révélation.

Cependant, fondamentalement, et indépendamment de cette question d’un scandale publique contrevenant à la notion d’alliance, ce qui empêche en fait de communier est l’état de péché mortel. Dans les états cités plus haut, il n’y a aucune assurance qu’il y ait péché mortel. Car pour cela il faut un péché sur une matière grave (ce qui en l’occurrence est le cas) avec conscience et liberté. Ces deux conditions ne sont souvent pas remplies dans notre monde où la conscience est très obscurcie sur ces sujets, et où la liberté est peu éduquée à faire et tenir de vrais choix. Beaucoup de ces personnes sont très certainement dans un état de péché véniel qui de ce point de vue-là ne ferme pas la porte à la communion.

Ainsi, il faut à la fois éviter un scandale publique sur la notion d’alliance, et à la fois réfléchir à la possibilité de permettre à ceux qui ne semblent pas être en état de péché mortel d’accéder à la communion. La seule solution qui semble acceptable est de solliciter la conscience et la liberté des personnes concernées sur un chemin pour connaître et accueillir le message de l’Église sur la sexualité et l’alliance. Il serait possible d’ouvrir la communion à ces personnes sur ce chemin pour un temps donné afin de laisser la grâce les travailler et les aider à faire un choix libre. Concrètement, il s’agirait de les inviter à un parcours exigeant d’environ deux ou trois ans qui associe des rencontres de personnes témoins, des enseignements, et des programmes de prière et d’ascèse. Une sorte de catéchuménat de l’évangile du mariage au cours duquel la communion sacramentelle serait autorisée si la personne est prête à suivre ce parcours au moins pour faire le pari de savoir le vrai message de l’Église sur ce qui la met en conflit avec son enseignement. Puis, au bout des trois ans, si la solution n’est pas résolue (ou avant si la personne quitte le parcours et ne change pas), il n’est alors plus possible de communier pour ne pas être un scandale quant à la notion d’alliance. Cependant, il y a fort à parier que beaucoup de ceux qui suivraient un tel parcours avec l’aide de la grâce auront la conscience guérie et la liberté fortifiée pour accueillir finalement ce que souhaite pour eux le Seigneur.

Pour revenir à la Sainte Messe, son but premier, nous l’avons dit, est l’union à Dieu par le mystère pascal pour que la gloire de la Trinité se manifeste en nous. C’est là le but de la vie chrétienne où nous introduit ce divin sacrement. Dieu est là. La Sainte Trinité est là. Le Père, le Fils et l’Esprit-Saint sont là. Ils veulent habiter en nous. Nous sommes en eux comme dans un océan de lumière et d’amour. Il faut ouvrir nos regards à leurs Regards. Il faut se laisser aimer et aimer en retour. La vie chrétienne est un combat pour garder présent et vivant en nos cœurs ce mystère immense. C’est notre mission. C’est le travail qui nous est demandé pour faire revenir ce monde à Dieu. Et dans cette union, et de cette union, c’est la louange, l’adoration, l’action de grâce, la demande et l’intercession qui doivent jaillir de nos cœurs pour renouveler ce monde de l’intérieur. Nous ne sommes pas seuls pour entrer sur ce chemin : Marie, Joseph, les anges et les saints sont là pour nous y éduquer, pour nous aider, pour nous apprendre et nous entraîner dans cette vie et ce mouvement immense qui nous dépasse et nous attend.

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