La France est un pays étrange. Il reprend l’esprit latin, mais pour vivre libre, car franc veut dire libre. C’est l’esprit gaulois, fait d’ouverture à l’universel, tout en prétendant bien garder les pieds sur sa terre et dans sa culture, et ne pas en être dépossédé.
L’esprit latin est marqué par le fait de savoir reprendre ce qui vient d’ailleurs pour le faire fructifier et le répandre largement avec une certaine ingéniosité. C’est ainsi que Rome a su reprendre la philosophie grecque, puis l’héritage judéo-chrétien. Ce n’est pas le cas de toutes les cultures. Par exemple, le monde grec ou les peuples germains ont davantage l’idée d’une génération à l’intérieur de leur propre culture, que d’une transplantation venue de l’extérieur.
On constate que le France a su reprendre beaucoup d’héritages venus d’ailleurs, pour les faire fructifier, apporter de grandes nouveautés au monde (pour le meilleur et parfois pour le pire), puis que ces nouveautés se sont ensuite déployées dans d’autres pays et cultures, avant de parfois revenir en France d’une manière décuplée.
Mais la France a bien l’esprit gaulois et pas seulement latin. Suffisamment puissante pour influencer le monde entier et rester libre. Et suffisamment petite pour éviter toute tentation impériale. Qu’elle cherche à montrer les gros bras, et elle voit vite qu’elle ne fait pas le poids face à certains empires. Mais que d’autres cherchent à avoir la main mise sur la France, ou à la pervertir, et ils verront vite qu’elle n’est pas impuissante et que Dieu la protège : des soutiens inespérés, venus d’autres pays ou du monde d’en-haut, saura la relever, en dépit de toutes ses chutes.
Fille aînée de l’Église, telle est son titre. Elle a été confiée à saint Michel, à la Vierge Marie et à saint Joseph. Elle a reçu l’appel à accomplir le geste de Dieu (gesta Dei per Francos). Elle se situe à la croisée de l’unité de toute l’Église. Jean-Paul II a dit dans son discours au Bourget en 1980 : « Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? Permettez-moi de vous demander : France, fille aînée de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’Alliance avec la sagesse éternelle ? »
On remarque que sa littérature est davantage tournée vers la célébration de l’amour (humain ou divin) que par les épopées guerrières (c’est une différence notable par rapport à beaucoup d’autres cultures). Elle a reçu en partage la dévotion au Sacré-Cœur, notamment par les apparitions de Paray-le-Monial, mais aussi par des personnes comme saint Jean-Eudes, et par toute l’école française de spiritualité. Les prophéties autour de la naissance de Louis XIV, lors du vœu de Louis XIII, montrent que la destinée de la France aurait dû converger vers sa consécration au Cœur de Jésus. Hélas, cela ne fut pas fait. Trois rois se sont succédés suite à la demande du Ciel sans l’accomplir : Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Comme les trois reniements de saint Pierre lors de l’arrestation de Jésus. Louis XVI l’a faite seulement dans sa prison, sans qu’il ne soit plus possible de la faire solennellement, dans une repentance semblable à celle de l’Apôtre en entendant le coq chanté.
Et la Révolution a brisé l’élan de notre pays, par des déchaînements de haine fratricides et anti-chrétiens, semant le trouble dans le monde entier. Le XIXème siècle fut un siècle difficile avec des désordres sociaux nombreux et connaissant la montée de modèles politiques de plus en plus impériaux et centralisés. Le XXème siècle a connu des totalitarismes impensables jusque là (à moins de remonter à des ères pré-chrétiennes), et les plus meurtriers de toute l’histoire. La libération des mœurs dans l’esprit de mai 68 (« Ni Dieu, ni maître ») a ouvert des chemins de licences dont l’on goûte aujourd’hui les fruits amers : corruption, prostitution, règne de l’argent, pédophilie, pédocriminalité, satanisme… Même les hommes d’églises, qui ont comme tout le monde bu le biberon de ces slogans et de cette manière de penser, n’ont pas su trouver dans l’Évangile (qui pourtant contient tous les ferments pour s’en prémunir) de quoi contrebalancer cette culture mortifère qui imprègne toute la société et certains milieux ecclésiastiques. Et la mondialisation actuelle, fondée sur l’argent, la corruption et le pouvoir de quelques uns a de quoi inquiéter.
Tel Isildur, dans l’œuvre de Tolkien, ayant échoué à jeter l’anneau unique à la montagne du Destin, l’anneau de pouvoir n’a pas été brisé sur le Cœur de Jésus. Et il continue à faire des ravages.
Cependant, Dieu reste fidèle à ses promesses et à ses appels. L’écho de l’échec de saint Pierre et de ses successeurs comme pontifes ecclésiastiques, qui n’ont pas été suffisamment purifiés par la Croix, se reproduit ici dans la vocation de la France et dans le monde politique. Mais Jésus est venu redonner à Pierre sa place de chef des Apôtres. De même, Dieu saura se souvenir de la France au temps voulu. Mais d’ici là, il va s’agir de briser l’anneau unique.
On constate que même si les Apôtres n’étaient pas au pied de la Croix de Jésus avec Marie, à l’exception de saint Jean, d’autres disciples y étaient. Des femmes bien sûr (Marie-Madeleine, Véronique, etc), mais aussi des hommes (Joseph d’Arimathie, Simon de Cyrène, etc). De la même manière que les rois de France ont échoué à consacrer ce pays au Cœur de Jésus, d’autres s’y sont attelés. Dans le Seigneur des Anneaux, ce n’est pas l’héritier de la lignée des rois du Gondor qui a porté et détruit l’anneau unique, mais Frodon de la Comté, avec l’aide de Sam Gamegie, et à l’instigation de Gandalf. Comme nous le disions dans notre précédent article sur la vocation d’Israël, même si la voie de Manassé, représentée par le trône et l’autel, a échoué, la voie d’Ephraïm a réussi : c’est la voie prophétique et c’est la voie de l’enfance spirituelle. C’est la voie des mystiques et c’est la voie de ceux qui vivent la spiritualité de l’Agneau. Et c’est ainsi que la France sortira de ses errances.
Autour de la dévotion au Sacré-Cœur s’est déployé au XVIIème siècle l’école française de spiritualité qui contenait les prémices encore inachevées d’un grand renouveau. Elles ont été étouffées, au moins en partie. Au centre de cette spiritualité se trouve le mystère de l’Incarnation. C’est à lui qu’il faut revenir : à Jésus, ce Dieu qui se fait chair pour être là dans nos maisons. Il est là dans l’Hostie, pour pouvoir venir chez nous. Et qui dit incarnation dit souci de la famille (telle que voulue par Dieu), lieu fondamental pour vivre l’amour concret, et attention à vivre l’amour dans un oykos (=communauté de proximité), un village, un groupe de personnes ou de familles qui prennent en considération toutes les dimensions de l’existence. Le mot paroisse vient de par-oykos, à côté de l’oykos : c’est le lieu où toutes les communautés chrétiennes de proximité se retrouvent dans l’unité. La paroisse n’est pas seulement une communauté de personnes (au risque de se fondre dans un grand tout uniforme), c’est avant tout une communauté de communautés, une communion de fraternités de proximité. Un lieu où nous élargissons notre horizon, sans perdre pour autant les liens de proximité, à savoir les oykos où dans un groupe restreint nous pouvons vivre une authentique charité rayonnante. L’amour contient toujours une force centripète et une force centrifuge.
« Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. » (Mt 7, 13-14) La porte étroite, c’est l’Hostie où Jésus se donne, et ce sont les sacrements. Et c’est aussi Jésus dans son Humanité qui vient jusque chez nous, avant d’aller par sa grâce à la Divinité dans toute son amplitude. Et c’est l’attention à son propre foyer, à son village, avant de songer à se promener dans le vaste monde.
Nous ne sommes pas seulement des pèlerins à la manière des migrants déracinés. Nous devons habiter sur la terre qui nous a été confiée pour cheminer vers le Ciel en y entraînant toutes nos réalités. Il paraît que sainte Jeanne d’Arc a dit dans une de ses apparitions que de la même manière qu’elle a dû se faire violence pour quitter ses habits de femme et revêtir des habits et des armures d’homme (ce qui faisait mal à son corps), et ce afin d’obéir à ses voix, de même, il va falloir pour les femmes d’aujourd’hui choisir de retrouver des habits de femmes, quitte à ce que cela soit difficile pour elles au début, et ce afin de retrouver un peu de bon sens. Dans le même ordre d’idée, de même que cela a été difficile pour sainte Jeanne d’Arc de quitter son village et ses attaches, de même il va falloir choisir pour beaucoup de manière déterminée, et parfois avec difficulté, de revenir dans nos villages pour les habiter et y déployer nos existences qui ont besoin de ces lieux d’enracinement.
Le mystère du Sacré-Cœur nous renvoie à la vie de Jésus dans la Sainte Famille de Nazareth, là où ce cœur s’est formé chez Marie et Joseph et dans cette vie de village. C’est ce chemin qu’il faut prendre, et il n’est pas aisé. Cela demande de renoncer à vivre seul, isolé et déraciné. Et cela demande d’accepter qu’il faille résister à des courants qui semblent dominants. Nous avons besoin de saints, et de héros. Le monde d’aujourd’hui est dans une course folle dans une force centrifuge qui crée un monde fluide et uniforme où nous sommes tous semblables et finalement esclaves, pris dans le mailles d’un filet technocratique et numérique. Certains quittent à juste titre entièrement ce monde pour partir ailleurs, qui dans un monastère, qui dans un lieu de vie alternatif. Ces endroits donnent de bonnes bouffées d’oxygène, permettent de goûter autre chose, et d’imaginer d’autres manières de vivre. Ce sont des lieux inspirants et nécessaires, mais qui ont le défaut de ne pas pouvoir être généralisables : ce sont des lieux prophétiques, dont il faut s’inspirer sans tout imiter. Nous voudrions donc encourager également une autre voie : celle de développer un tissu social chrétien fondée sur des bases saines qui sache reprendre toute les dimensions de l’existence pour les purifier et les corriger. Ni hors du monde, ni perverti par le monde, il s’agit de tout repenser autrement pour qu’advienne à partir de foyers de vie et d’amour vivant de l’Évangile, et dans la lenteur des moyens et des temps de maturation, la civilisation de l’amour. Selon nous, cela ne peut se faire vraiment qu’à la campagne, dans des villages ou de petits bourgs, et avec un profond sevrage quant aux écrans et au monde numérique.
Telles les trois demandes de Jésus à Pierre après sa Résurrection : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15-18), le Seigneur redemande à la France : « Veux-tu te consacrer au Sacré-Cœur ? ». Veux-tu réparer les trois reniements des trois rois par une triple consécration ? Cela a été fait lors de la première guerre mondiale, puis suite à la seconde guerre mondiale (cf. francecoeurdejesus.fr). En 2020, en pleine crise Covid, les évêques ont confié la France au Cœur de Jésus à Montmartre. En 2022, diverses tentatives et représentants de l’Église de France ont consacré notre pays au Cœurs Unis de Jésus et de Marie (cf. consecration.fr). Nous pensons qu’il faut encore le faire, et cette fois d’une manière beaucoup plus solennelle, et en parlant de toute la Sainte Famille de Nazareth. Jamais deux sans trois. Et c’est bien trois fois que le Seigneur Jésus à demander à Pierre : « M’aimes-tu ? ».
L’année 2024 sera marquée par le jubilé des 350 ans des apparitions de Paray-le-Monial. Jésus-Christ a dévoilé son Cœur brûlant d’Amour à sainte Marguerite-Marie Alacoque. C’est l’occasion de renouveler d’une manière solennelle la consécration de notre pays au Sacré-Cœur de Jésus et à la Sainte Famille de Nazareth. Nous suggérions dans notre article « Comment consacrer aujourd’hui la France au Cœur de Jésus ? » une manière de le faire. Nous y parlions d’une consécration aux trois Cœurs unis de Jésus, Marie et Joseph. Peut-être que la terminologie d’une consécration au Sacré-Cœur de Jésus et à la Sainte Famille de Nazareth est plus appropriée pour l’occasion. L’Église de France saura avec l’Esprit-Saint trouver la bonne manière de répondre à l’appel de Jésus. Il nous semble important d’entrer pleinement dans le mystère de Jésus, Marie et Joseph, car ce sont là les trois personnes qui ont vécu d’un même cœur la Révélation du Dieu d’Amour durant de nombreuses années, et qui d’une manière unique veillent sur chacun de nous.
La vocation de la France est liée à la manifestation de l’amour de Dieu.
L’amour se manifeste en distinguant des réalités pour mieux pouvoir les unir, sans les confondre ou les mélanger, ni sans les diviser ou les séparer. Ainsi sont les Personnes au sein de la Divine Trinité. Ainsi sont les anges par rapport aux hommes. Ainsi sont l’homme et la femme l’un par rapport à l’autre, et aussi vis-à-vis de leurs enfants. Ainsi sont la conjugalité, l’amitié et la simple connaissance. Ainsi sont les pays, les cultures et les régions. Ainsi sont les êtres matériels, spirituels et la divinité. Ainsi sont les pouvoirs ecclésiastiques, politiques ou de quelques ordres que ce soit. Savoir distinguer dans la différence pour trouver une vraie unité qui n’est ni la haine ou l’indifférence, ni la confusion ou la domination.
L’amour sait aussi avoir une fécondité, tout en sachant se réjouir de l’union des cœurs. Au sein de la Trinité, la distinction des Personnes permet de glorifier le Père, mais aussi le Fils, l’Esprit-Saint, et finalement l’Amour au sein de la Trinité, fait de vie, de dons, de gratuité et d’union. Une famille a pour finalité constitutive d’enfanter, mais c’est aussi une communauté de personnes faites pour l’amour et le don. Une entreprise rend un service à la société, mais c’est aussi un groupe de personnes qui tissent un réseau d’amitiés. Un prêtre donne les sacrements et manifeste plus particulièrement la présence de Jésus qui est cachée à nos yeux mais bien réelle ; mais, il doit aussi savoir s’entourer de frères et sœurs qui manifestent aussi Jésus à leur manière, pour se sentir l’un parmi d’autres dans une communauté. La gratuité rejoint l’efficacité. La force et la tendresse cheminent ensemble. Les deux ne s’opposent pas, mais se complètent. La dignité de chaque personne est première et inaltérable, et c’est pour cela que quelque soit nos soucis d’atteindre un but, même louable, il est toujours premier d’avoir en vue la considération de l’amour et de la communion à chercher dans nos groupes et nos sociétés.
C’est l’âme de la France que de servir une unité faite de communion, en sachant vivre d’amour, respecter chacun et écouter ce que portent les autres cultures en discernant les limites de chacune de leurs valeurs prédominantes pour mettre tout en perspective. C’est pour cela qu’elle est épouse de la Sagesse éternelle : pour servir plus que n’importe quel autre pays le mystère de l’Amour.
Soit elle est fidèle, et le monde va vers la lumière et la paix : chacun trouve sa place pour s’épanouir librement en harmonie avec les autres. Soit elle est infidèle, et le monde sombre dans le division et le chaos : la servitude et le repli sur soi deviennent alors la norme.
La France est porteuse de l’anneau unique, pour le meilleur ou pour le pire. Elle n’y peut rien. C’est sa vocation, et ce même si elle semble parfois s’en éloigner. C’est le projet de Dieu sur elle. La présence de la Couronne d’épines à Paris le montre amplement, pour ne citer qu’un seul exemple parmi mille.
Alors, comment briser cet anneau unique ? La réponse nous paraît assez simple : sur le Sacré-Cœur de Jésus et dans le mystère de la Sainte Famille de Nazareth. C’est à eux, à ces trois Cœurs unis qu’il faut nous consacrer. Et il faut suivre leur chemin : Allez en Galilée, c’est là que vous verrez Jésus (Mc 16, 7), ont dit les anges après la Résurrection. La Galilée est la région de Nazareth et de l’origine des apôtres. Allez dans vos villages et dans vos lieux de vie. Prenez la porte étroite de l’Incarnation. Respectez la temporalité et les étapes, pour vous ressaisir de toutes les dimensions de l’existence, et que chaque chose trouve sa juste place. Et ce, d’abord dans vos vies, dans vos maisons et dans vos villages. Il faut du courage pour cela, et parfois bien plus que de faire trois fois le tour du monde. Et ce n’est qu’après cette étape centripète, par rayonnement et diffusion de l’amour authentiquement vécu, que dans une force centrifuge, le feu de l’Esprit-Saint pourra se répandre dans le monde. On dit qu’au cœur du péché originel se trouve une anticipation désordonnée qui brise les vraies relations avec Dieu, avec les autres et avec la Création.
Alors reprenons nos réalités à la racine. Menons le bon combat, celui de la foi pour que la vie divine fasse irruption dans tout ce que nous sommes, pour que le Règne de l’Amour de Jésus se manifeste concrètement sur la Terre, et non pas dans une parodie éthérée, virtuelle, imaginative ou conceptuelle.
Avant d’espérer un quelconque renouveau, nous avons besoin de guérison. Tous. De cette guérison de nos corps, de nos cœurs, de nos âmes, de nos histoires, de nos relations, de nos familles et de nos communautés. C’est un appel à revenir dans nos foyers et nos oykos comme premier lieux pour vivre la charité et nous laisser renouveler, sans nous perdre sur internet, devant nos écrans ou dans toute sorte de distractions qui nous coupent des vraies relations concrètes et incarnées.
Si consécration de la France il doit y avoir à nouveau, ce n’est pas dans l’espoir d’une épopée politique ou d’une suprématie mondiale, ni même d’un renouveau trop rapide qui excite nos esprits pour mieux nous faire tomber, mais c’est pour que le cœur vivant et vibrant d’Amour de Jésus devienne perceptible dans chacun de nos foyers, dans nos villages, et dans nos lieux de vie et de fraternité. Et c’est pour qu’à partir de là il puisse consoler et restaurer ce monde en déroute.
Ô Vive Flamme d’Amour ! Viens brûler en nous et autour de nous !
Si le Seigneur envoie aujourd’hui un signe, ou des envoyés, ce ne sera pas pour lever des armées, qu’elles soient militaires ou missionnaires… laissons cela aux siècles passés. Ce sera pour susciter des apôtres de l’Amour de Jésus qui sauront retrouvés le chemin de l’enracinement au cœur de communautés chrétiennes pour y apporter la paix et l’unité, y annoncer un Évangile intégralement vécu, par leurs paroles et leurs actes, et permettre à l’Esprit-Saint de souffler et de tout renouveler… Et c’est porté par ce feu de l’Esprit-Saint qu’il pourra, dans un deuxième temps, ou par débordement, y avoir un nouvel élan missionnaire…
Ce chemin d’enracinement et de mission ne doit pas avoir une ambition moindre que de faire les mêmes œuvres que Jésus, voire même davantage : en terme de miracles, de signes et de guérisons. Mais cela doit jaillir de la vie de Nazareth. Ce dont nous avons besoin, c’est de personnes qui vivent comme Jésus, Marie et Joseph, au milieu de nos villages. Et la vocation qui correspond le plus à cela est celle des laïcs consacrés, de personnes qui pour suivre Jésus et obéir à l’Esprit-Saint ont renoncé à fonder une famille, mais ne sont pas entrées dans la voie religieuse : ils restent au milieu du monde, et comme la Sainte Famille sont libres de leur temps et de leurs mouvements, sans être soumis à une règle ou à un supérieur. La nouvelle évangélisation ne pourra se propager que par la complémentarité des états de vie, et cela nécessite de savoir bien distinguer dans la complémentarité la voie religieuse et la voie des laïcs consacrés. Nous pensons que la France a son rôle à jouer pour mettre de la sagesse dans cette nécessaire clarification des états de vie, et pour accoucher de communautés à la fois enracinées et missionnaires.
Alors vive la France ! Et qu’elle sache, comme saint Paul sur son chemin de Damas, retrouver la voie du service du Seigneur Jésus et de son Royaume qui est déjà parmi nous, même s’il n’est pas pleinement accompli.