Les Hébreux, en quittant la terre d’Égypte, se sont retrouvés face à la mer Rouge, bloqués par les armées de pharaon. Leur sortie a semblé l’espace d’un instant être un échec. Mais Dieu est intervenu et a ouvert la mer Rouge en deux : les Hébreux ont pu passer à pied sec, et les armées de pharaon, lancées à leur poursuite, ont été englouties. C’est là l’histoire de la Pâques, remémorée d’année en année. C’est l’histoire de la fin d’un temps de servitude, où ce qui semblait être établi s’effondre, et où une nouvelle histoire se met en place.
Nous allons bientôt vivre une Pâques. Il est des puissances supérieures qui maintiennent encore pour un temps l’unité de notre pays et l’unité du monde, mais cette unité sera un jour retirée. Les choses établies s’effondreront, et une nouvelle recomposition se fera. Cela pourrait paraître pessimiste. Mais, en fait, notre civilisation est un peu comme Jésus qui regarde la Passion arriver : au-delà de la Passion, il y a la Résurrection, la vie en plénitude. Alors il faut cheminer avec joie vers notre salut, qui en l’occurrence est la civilisation de l’amour qui nous est promise. Alors, c’est pour nous l’heure de semer, l’heure de se préparer à la Pâques, comme les Hébreux en mangeant l’agneau pascal. C’est pour nous l’heure d’entrer dans des arches saintes, comme Noé avant le déluge : celle de communautés vivant de la charité, vivant de l’Évangile.
Il faut bien s’en rendre compte : nous ne changerons pas le monde. Nous n’arriverons pas. Ce monde va vers sa perte, car il a voulu se construire par ses propres forces sans Dieu. Alors, ne tombons pas dans l’erreur de croire que nous ferons un monde pour Dieu, ou simplement un monde bienveillant, par nos propres forces. C’est Dieu qui un jour changera le monde. C’est lui qui fera un monde nouveau et une terre nouvelle, en venant avec ses anges. C’est lui qui pourra donner un jour un renouveau et une nouvelle unité. La part qu’il nous demande est assez simple : c’est de vivre des vertus théologales, c’est-à-dire de foi, d’espérance et de charité. Car c’est seulement cela dont il a besoin pour changer le monde : le reste, il saura bien s’en occuper. À chacun d’être fidèle là où il est, et dans ce qu’il est capable de faire, pour que la charité imprègne nos sociétés et nos communautés. À chacun de semer et de laisser Dieu donner la croissance. À chacun de trouver des communautés vivantes où l’on s’encourage dans la charité. La charité est amour de Dieu et amour du prochain. La charité, c’est l’amour. C’est l’amour que Dieu lui-même met dans nos cœurs. Et nous avons besoin des autres pour en vivre.
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