En ce jour où nous fêtons l’Immaculée Conception, portons nos regards émerveillés vers celle qui est notre Mère et notre Reine. Celle-ci a dit au petit vietnamien Marcel Van que son Règne s’établirait en ce monde après le Règne de l’Amour de Jésus. Cela se fera grâce aux petits apôtres de l’amour, avec un rôle particulier pour la France… Bien sûr, le Règne de Marie ne remplacera pas le Règne de l’Amour de Jésus, il n’en sera que le désenveloppement : les deux seront ensemble un seul et même Règne.
Jésus habite en Marie, en son sein. Jésus a son trône sur et dans la Vierge Marie. Aller à Marie, c’est aller à Jésus. Et Marie nous enseigne à accueillir Jésus comme elle l’a accueilli, et à faire aussi de nos âmes et de nos corps un trône pour l’Enfant-Dieu, même si cela se fait différemment à notre mesure. C’est le signe de la Vierge qui enfante, en Apocalypse 12. Cet enfantement passe par l’Eucharistie où nous recevons Jésus-Hostie.
C’est pourquoi l’on peut dire que le Règne de l’Amour de Jésus est d’abord un Règne eucharistique. Il s’agit d’aller à Jésus-Hostie, et là nous y allons avec Marie. Tout se fait avec Marie, par Marie, pour Marie, comme le décrit saint Louis-Marie Grignon de Montfort dans son ouvrage remarquable Le secret de Marie.
Mais pourquoi le Règne de l’Amour de Jésus doit-il précéder celui de l’Immaculée ? Pourquoi les deux ne sont-ils pas concomitants ? Pour comprendre cela, il faut revenir à la Genèse, au chapitre 3, où il est dit que la descendance de la femme écrasera le tête du serpent. Le Règne de l’Immaculée commencera quand la tête du Satan aura été écrasée, c’est-à-dire quand celui-ci aura été rejeté comme prince de ce monde. Le règne de Satan est le règne de l’orgueil, qui conduit à vouloir vivre loin de Dieu, enfermé en soi, et à vouloir que le monde ne soit plus que soi, à l’image de ce que l’on est. Marie nous préserve de cela, et veut former des apôtres chez qui Satan n’a plus d’emprise, pour qu’ils le rejettent par la Croix de son rôle de prince de ce monde. Alors le Règne de l’Amour de Jésus commencera quand paraîtront ces petits apôtres de l’amour. Eux-même auront déjà vécu dans leur cœur et leur vie le mystère de la Femme qui écrase la tête du serpent et seront déjà dans le Règne de l’Amour de Jésus et dans celui de l’Immaculée ; mais il leur faudra répandre ce Règne dans tout l’univers.
Donc tout commence par l’Immaculée qui forme les petits apôtres de l’amour chez qui commence le Règne de l’Amour de Jésus qui se répand progressivement, et tout finit par l’Immaculée quand le diable se trouve rejeté comme prince de ce monde. Ce sera alors l’éclosion de la civilisation de l’amour. Avec le retour du Christ et la fin des temps, selon certains après une génération ; selon d’autres comme nous, après un temps beaucoup plus long qui connaîtra d’autres combats.
Saint Joseph est le gardien de la civilisation de l’amour. Par son rôle d’homme, il permet que le mystère du Christ, porté intérieurement par Marie, se répande dans le monde. On pourrait dire que le chemin qui va du Règne de l’Amour de Jésus au Règne de l’Immaculée est en fait celui qui va du Règne du Sacré-Cœur à la civilisation de l’amour ; et donc est celui qui va de Marie, qui forme les apôtres du Règne de l’Amour de Jésus, à Joseph qui répand toutes ces grâces dans toutes les dimensions du monde. Joseph instaure le Règne de l’Immaculée, car il est l’époux de la Vierge. Et la Vierge instaure le Règne de l’Amour de Jésus, car elle en est la mère. C’est donc un temps tout particulier en ce jour de l’Immaculée Conception de demander à Marie d’instaurer ce règne d’amour.
Dans notre article L’Église peut-elle changer le monde ?, nous suggérons que les combats eschatologiques qui accompagnent cela se feront en plusieurs temps : la manifestation du signe de la Femme qui enfante alors que le Dragon cherche à tuer l’enfant, puis une première Bête qui semble agir en apparence selon les capacités humaines, puis une seconde Bête où nous aurons affaire à la puissance démoniaque dans des manifestations qui dépassent notre humanité, et enfin la découverte de l’horreur que fut le règne de Satan, maintenant qu’il est vaincu, qui nous transpercera le Cœur dans une effusion d’Amour.
La Femme qui enfante, c’est Marie qui forme les apôtres de l’amour, les apôtres des derniers temps. Le diable cherche à l’empêcher, et cherchera à mettre à mort ces apôtres. Mais il ne pourra rien ; ou s’il les met à mort, ils se relèveront comme leur Seigneur, ou plutôt comme Lazare. Ajoutons que leur manifestation ne peut passer que par un douloureux enfantement dont le monde entier ressent la secousse, comme dans ce que nous vivons aujourd’hui. Il serait à ce propos très imprudent au vue des évènements actuels et de ce que l’on entend un peu partout de ne pas s’y préparer : même le parti communiste chinois a demandé à ses citoyens d’avoir suffisamment de produits de première nécessité en cas de crise et pénurie. Bien sûr, il ne faut pas confondre survivalisme et résilience : il ne s’agit pas d’avoir de quoi survivre durant des années. Mais vérifier que l’on peut accuser un choc difficile et survivre durant environ deux ou trois mois semblent de la prudence élémentaire. C’est vrai pour ces temps-ci, et certainement pour les prochaines décennies. Il est sûrement opportun aussi de se demander si l’on peut tenir là où l’on est, ou sinon si l’on n’a pas une solution de repli à la campagne ou ailleurs en cas de problèmes majeurs. Je ne veux pas être alarmiste d’une manière inconsidéré, mais nous avançons aujourd’hui dans une zone difficile, et les secousses risquent de se faire sentir. Il faut être prêt, non pas à se lancer dans des projets inconsidérés, mais à avoir du temps pour prier, s’adapter, s’entre-aider, s’informer et consoler, et à pouvoir traverser une crise, dont nous croyons que ce sera le Seigneur lui-même qui nous en sortira par ceux qu’il a choisi, au-delà d’un échec apparent.
Nous pensons également qu’il convier d’user de moyens spirituels particuliers pour notre période très particulière. Nous avons parlé de quelques uns dans notre article Corona… quoi ?. Nous ajouterions que le Règne du Sacré-Cœur ne viendra que par les trois blancheurs : une dévotion mariale comme nous l’avons dit, l’infaillibilité pontificale qui n’est pas l’infaillibilité morale ou pastorale du pape mais son infaillibilité quand il émet des dogmes, et la dévotion eucharistique dans la messe et dans l’adoration. Comme nous l’avons dit par ailleurs, la civilisation de l’amour quant à elle viendra principalement grâce à la dévotion eucharistique également, l’attention au mystère de la conjugalité et de la famille, et l’engagement dans une convivialité authentique. Il est d’autres moyens détaillés dans notre article Le Serment de la Civilisation de l’Amour, mais ce sont les trois principaux. Derrière tous ces moyens que nous décrivons, c’est le mystère de l’Incarnation qui est en jeu, dont le mystère de la Sainte Famille est un incontournable pour qu’il soit rendu manifeste.
Tous ces moyens doivent nous aider dans les combats eschatologiques, mais chacun a une place plus particulière à chacun des moments qui les composent. Nous pensons que le temps de la Femme qui enfante est plus particulièrement lié à la dévotion mariale et à l’eucharistie, et cela afin d’enfanter les apôtres des derniers temps et à changer nos cœurs. Nous estimons que le temps de la première Bête est davantage lié à l’infaillibilité pontificale et à l’attention à la conjugalité et à la famille, pour accueillir le projet de Dieu et ne pas se laisser entraîner dans une fausse religion. Et nous considérons que la deuxième Bête est un temps où les moyens privilégiés sont l’eucharistie et la convivialité pour enraciner la spiritualité dans une vie incarnée contre tous ceux qui rejettent l’Incarnation. Quant au mystère de la Sainte Famille, il sera l’horizon et la consolation dans ces temps troublés.
Alors aujourd’hui, si vous voulez mon avis, c’est au pied de Marie et au pied de l’eucharistie qu’il faut intercéder pour que le Seigneur refasse nos cœurs, nous sauve des périls qui nous guettent, nous relèvent en cas d’échec, et nous manifestent les petits apôtres de l’amour. Ce temps est l’heure de Marie…
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