Que mon cœur est rempli de joie et de douleur quand je pense à toi, ô France !
Si l’on écoute attentivement, on entend ton âme comme un chant mélodieux, façonné par des générations qui ont aimé, qui ont prié, qui ont dansé, qui ont travaillé, qui ont transmis ton héritage.
Mais un murmure immense et insupportable cherche à détruire ce chant de vie et de joie.
Tu as une vocation, ô France ! Le sais-tu ? En as-tu pris conscience ?
Tu as été remarquée depuis de nombreux siècles comme celle qui a su le mieux chanter l’amour, et parler de la joie de la vie amoureuse, et de la vie avec Dieu.
Ta voix doit se faire entendre dans la symphonie des peuples, comme celle qui permet à chacun de s’ajuster, de trouver sa place et sa bonne note.
Oh, non, ne te méprends pas. Il ne s’agit pas pour toi de régner sur le monde. Il s’agirait au contraire d’empêcher toute tentative d’une usurpation de pouvoir venue du politique ou du religieux. Tu as su faire cela autrefois, durant les quinze siècles de ton histoire, t’opposant parfois à l’empereur, ou parfois au pape, quand l’un ou l’autre voulait s’accaparer toute autorité. Je te le dis, ce fut une belle mission. Tu n’avais de la puissance que dans la mesure où cela te permettait d’être fidèle à ton appel.
Puis, tu as eu ta crise d’adolescence, tu as voulu prendre ton autonomie. Et tu t’es laissée séduire par la tentation de t’accaparer toi-même les pouvoirs. Tu as commencé à devenir ce que tu devais toi-même combattre. Tu as oublié ton appel, et celui qui t’avait appelé par ton nom, car il t’aime. Et cela a répandu une obscurité sur le monde. D’autres ont suivi cette voie. Et ils ont cherché à te détruire, ils le cherchent encore. Tu es en danger, ô France, car ils savent qu’ils ne peuvent sceller leur puissance qui ne connaît pas l’amour qu’en te détruisant. Ils te séduisent pour mieux te détruire.
Réveille-toi, ô France, chante ton chant d’amour et de liberté. Donne le ton d’un monde où l’unité se fait dans la bienveillance et le respect de l’autre, et non dans le mépris et la manipulation. Annonce ce monde de la communion et non de la division. Un monde où l’on reconnaît qu’il y a un mystère de vie et d’amour qui nous dépasse, pour lequel nous sommes fait et qu’il faut servir, car c’est là notre joie et notre responsabilité. Un monde où chaque personne est accueillie comme unique avec une dignité inaltérable.
Réveille-toi, ô France ! Le monde a besoin de ta voix pour prendre le chemin de la civilisation de l’amour.
Souviens-toi que le Dieu trois fois saint, qui a révélé son amour en Jésus-Christ, a fait alliance avec toi. Et le Seigneur ne reprend pas ses promesses : il reste fidèle.
Ton renouveau ne viendra pas des grands de ce monde et de leurs plans insensés, car là-bas la corruption et la perversion règnent. Ils te mènent dans l’abîme.
Ton renouveau viendra des petits, des moins que rien, des anawims, des pauvres de cœur. De ceux qui comptent en l’Éternel, et sont sûr de son appui alors que le monde entier pourrait être contre eux.
L’on m’a rapporté que Joseph Ratzinger, le futur Benoît XVI, aurait dit à peu près ceci : Quand l’Église se sera enfermée dans la mondanité, alors le Seigneur ira chercher des personnes dans les hôpitaux psychiatriques, et par la puissance de sa Croix, il en fera les saints que le monde a besoin.
Aujourd’hui, l’Église s’est tellement enfermée dans l’esprit du monde qu’elle n’a plus l’esprit prophétique pour discerner la vérité dans le combat eschatologique que nous vivons, pour avoir une parole forte et pour ouvrir un chemin de vie.
Jean-Paul II disait que nous entrions dans le temps d’une bataille décisive contre le Satan et les puissances du mal, et qu’il avait bien peur que peu de chrétiens en aient vraiment conscience. Aujourd’hui, beaucoup de personnes dans l’Église ne veulent pas admettre que nous puissions être trompés et abusés à grande échelle, alors que c’est ce que le Seigneur a annoncé dans son Évangile (Mc 13, 5-8). Ces personnes suivent les chemin du monde, et ses raisonnements, sans prendre la mesure que le monde va à sa perte.
Alors, le Seigneur va se saisir de personnes humbles et petites, de tous les pays du monde, mais en commençant par la France pour donner le ton. Il va faire entendre sa parole, et il va ouvrir un chemin vers la civilisation de l’amour, un chemin qui par la Croix mène à la Résurrection.
Le Seigneur a dit à Pierre : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » (Mt 26, 34)
Le coq qui chante, c’est le chant de la France que nous attendons, car le coq est un des emblèmes de la France. C’est ton chant, ô France.
Les trois reniements de Pierre, ce sont en premier ceux de saint Pierre lui-même ; puis en second le chemin de perversion qu’a pris la papauté à certaines époques de son histoire ; et enfin, en troisième, l’échec de la hiérarchie de l’Église de résister dans les combats décisifs et eschatologiques qui doivent mener à ce renouveau que nous attendons. La bonne nouvelle, c’est que Pierre finit par se repentir, et au-delà de son erreur, il finit par retrouver le chemin du Seigneur.
Alors, écoutons désormais le coq qui chante.
Il annonce que Yeroushalaim va être rebâtie. Il dit que l’Un ne se comprend que dans l’Union du Deux…