La divine comédie

Tout groupe humain, quel qu’il soit, est une assemblée de personnes humaines et de personnes angéliques autour de Dieu. Il ne faut pas oublier que partout où il y a des hommes, il y a aussi des anges, et que Dieu lui-même est présent. Et au travers d’un immense jeu de symboles, de représentations, de réalités concrètes qui font signes vers ce monde céleste, nous arrivons à en percevoir quelque chose. Celui à qui il manque ce regard vers le monde d’en-haut passe à côté de l’essentiel, et ne peut finalement avoir qu’un jugement très biaisé sur tout ce qui nous arrive.

Le plan de Dieu sur tout groupe humain constitué, c’est qu’il manifeste quelque chose de la perfection divine au travers de perfections angéliques et humaines particulières. C’est une divine comédie à travers tout le réel pour chanter et magnifier les splendeurs de la divinité. Les anges des chœurs supérieurs se trouvent avoir des représentants et des ambassadeurs dans le monde humain pour que nous en saisissions quelque chose. C’est ce que l’on appelle une élection. Il ne faut pas confondre cela avec une vocation, même si toute vocation est une élection. Il ne faut pas voir l’élection d’une manière figée, car, selon nous, nous passons tous à tour de rôle aux divers niveaux de représentations, pour que notre mystère, en lien avec celui des anges des chœurs supérieurs avec lesquels nous sommes liés, apporte sa contribution à la divine symphonie. Cette fonction de représentation peut advenir pour certains dès cette terre, mais elle adviendra en tout cas pour tout le monde, à tour de rôle, tout au long de la vie éternelle qui nous attend. Notons que la Vierge Marie et saint Joseph sont au-delà de ces élections et représentations, car ils sont les gardiens du Règne de Christ. Ils veillent sur leurs enfants, et sur toute la liturgie qui se déploie autour du Christ

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Mais où est le Ciel ?

Pour certains chrétiens, partir pour le Ciel, à la suite de Jésus et de Marie, c’est partir pour un lieu lointain, inaccessible, où la matière, si elle existe encore, ou si on la retrouve un jour, est toute spirituelle. Tellement spirituelle qu’elle semble avoir presque disparu. Et tout ce que l’on fera là-haut sera de louer et d’adorer le Seigneur, à genoux devant lui ; le reste étant désormais d’un autre temps.

Sans vouloir offusquer personne, si ce n’est les démons et autres ennemis de Dieu, cette conception est toute emprunte de manichéisme et autres spiritualités cathares. En réalité, le Ciel est plein de matière, de cette matière que l’on connaît. Le Ciel se situe dans notre ciel, dans notre cosmos, dans notre univers. Et si celui-ci paraît si grand, c’est justement que l’on aura le Ciel pour visiter le ciel. Le lieu physique où se situe le Ciel, c’est notre univers. Dieu n’a pas mis de la matière en dehors de la matière. Dieu ne nous a pas mis dans cet univers pour nous mener ensuite dans un autre. Certes, au Ciel, nous sommes dans la contemplation de l’essence divine et des espèces angéliques. Mais cette plongée dans le monde d’en haut ne nous fait pas quitter le monde physique que nous habitons. Là, la spiritualité s’y déploie dans la matière de mille manières pour la faire resplendir de la gloire de Dieu. Quand après la résurrection finale tous les morts auront retrouvé leur corps, ce qui sera vécu dans les profondeurs de l’âme se manifestera dans toute la matière du cosmos. L’humanité habitera le cosmos tout entier et, avec l’aide des anges et de Dieu, le rendra resplendissant des merveilles de la spiritualité.

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La kénose de Dieu

Épître aux Philippiens 2, 5-11 :

« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : “Jésus Christ est Seigneur” à la gloire de Dieu le Père. »

En Jésus-Christ, Dieu s’est abaissé, sans pour autant cesser d’être Dieu. Il a pris la nature humaine. Il s’est fait petit enfant, Il a vécu sur la Terre, Il a souffert la Passion. Et Il est ressuscité et monté au Ciel en emmenant l’humanité avec Lui à sa suite. C’est un grand mystère. C’est le mystère de l’Assomption de l’humanité par le dessin bienveillant de Dieu. C’est le mystère de la Rédemption où Dieu prend sur lui nos souffrances et nos péchés pour y déposer son amour.

Dieu a souffert en son humanité. La Trinité impassible, éternelle et immuable a souffert en Jésus-Christ, dans son humanité. Dieu a voulu partager nos souffrances pour nous rejoindre et nous sauver ; et Il s’est fait homme. Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.

Devant un tel mystère d’amour, mais également devant les égarements de l’humanité, se pose la question de savoir comment Dieu est-il changé par son Incarnation ? Et est-ce que la souffrance vient émouvoir Dieu jusque dans sa divinité ? L’on dit que l’union de la nature humaine et de la nature divine en Jésus-Christ se fonde sur son humanité, qu’elle est réelle du côté de son humanité, mais qu’elle est seulement de raison du côté de sa divinité. Il n’y a pas de réciproque du côté de Dieu. De fait, Dieu n’est pas changé par l’Incarnation, Dieu est resté le même. La relation ne peut être fondée réellement de son côté. Mais si cette relation de la divinité à l’humanité est seulement de raison, Dieu est-il vraiment présent à toutes les réalités humaines et à toutes nos souffrances ?

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Le grand oublié

Aujourd’hui, c’est la fête du glorieux saint Joseph. Alors que nous sommes dans une année dédiée par le pape François à saint Joseph. C’est là pour nous l’occasion de mieux connaître ce grand saint. D’approfondir notre relation avec lui. D’autant que le pape François a aussi déclaré qu’aujourd’hui s’ouvrait une année de la Famille : il est donc opportun de mieux découvrir ce membre un peu oublié de la Sainte Famille.

Dans notre chemin chrétien, l’aide des saints nous est précieuse. Ils sont des amis, des conseillers, et des exemples. Et ils nous manifestent aussi quelque chose de ce qu’est Dieu, quelque chose de son amour et de sa vie. Ils sont des icônes vivantes du Christ Ressuscité, car celui-ci vit en eux. Grâce à eux, en nous unissant à eux, il est plus aisé d’être brûlant nous-mêmes du Christ vivant en nous. Grâce à eux, il est plus aisé de conduire les personnes que nous rencontrons vers la vie avec Dieu.

La petite Thérèse ne s’y est pas trompée et priait beaucoup les saints. Et sur saint Joseph, elle nous livre un secret dans Histoire d’une âme : « Depuis mon enfance j’avais pour lui une dévotion qui se confondait avec mon amour pour la Sainte Vierge. » (Histoire d’une âme, Manuscrit A Folio 57 Recto). Se confondait ! C’est à dire que c’était le même amour, la même dévotion.

En dépit d’une dévotion dès l’origine, l’on a tardé dans l’Église à lui rendre un culte réel dans nos liturgies. Et l’on tarde encore à parler vraiment de lui, à nous consacrer à lui, à le prier, à lui donner dans nos cœurs la place qui lui revient. Si la petite Thérèse, docteur de l’Église, dit que sa dévotion pour saint Joseph se confondait avec son amour pour la Vierge Marie, c’est qu’il nous faut faire de même. Car là où est l’époux est l’épouse, et là où est l’épouse est l’époux.

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L’Arc-en-Ciel

« C’est ici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à toujours : j’ai placé mon arc dans la nuée, et il servira de signe d’alliance entre moi et la terre. » (Gn 9, 12-13). Tout le monde connaît l’histoire de Noé et du déluge qui se termine par ce sublime arc-en-ciel comme signe de l’Alliance entre Dieu et les hommes pour la suite des temps. Moins connu peut-être est la présence de l’arc-en-ciel dans le livre de l’Apocalypse.

On le voit déjà autour du trône de Dieu : « Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu’un était assis. Celui qui était assis avait l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était environné d’un arc-en-ciel semblable à de l’émeraude. Autour du trône je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or. » (Ap 4, 2-4). Il s’agit là d’une description de la vie des chœurs angélique autour du trône de Dieu.

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