Gn 1, 27 : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. »
La réalité sexuée est au cœur de notre humanité. Nous sommes homme ou nous sommes femme. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela veut dire profondément ?
Si l’on regarde les organes sexuelles, les différences sont notables. Et l’on s’aperçoit que ceux de la femme apparaissent principalement ordonnés à l’accueil de la vie, à permettre la croissance d’une vie. Et l’on s’aperçoit que ceux de l’homme apparaissent principalement ordonnés au don de la semence fertile. Et l’on découvre que la femme va avoir un regard davantage tourné vers la Vie, et l’homme vers le Don.
Il s’agit ici du don dans toute sa signification, aussi bien du don reçu, que du don intégré dans sa personnalité, que du don donné à l’autre, et de toute la joie qui vient de cette circulation du don. C’est le don du cœur qui aime dans des relations réciproques.
Il s’agit ici de la vie aussi bien dans son déploiement, que dans ses fondations qui permettent ce déploiement, que dans son achèvement du fruit arrivé, que dans le repos qui accompagne ces mouvements et qui donne une plénitude. C’est l’arbre de la vie qui donne des fruits de bel amour.
Il y aurait bien sûr beaucoup d’autres choses à dire sur les hommes et sur les femmes. Une constante des cultures est d’attribuer davantage la beauté aux femmes et la force aux hommes. On peut aussi remarquer que les femmes ont une connivence plus grande avec les métiers du social, qu’elles aiment davantage la relation ; alors que les hommes vont chercher davantage à bâtir, à construire et à produire. C’est que les femmes sont davantage orientées vers la Relation et les hommes vers l’Être. Cela ne contredit pas ce qui a été dit quant au rapport des hommes au don, car le don concerne tous les aspects de la vie, et pas uniquement les œuvres de bienfaisance. Le don, c’est tout ce qui circule entre les personnes ; alors que la relation, c’est tout ce qui relie les êtres entre eux. La Relation et l’Être sont aussi des dimensions très fondamentales, mais le Don et la Vie nous semblent être la fine pointe pour caractériser les hommes et les femmes.
Nous ne sommes pas toujours fidèles à toute l’exigence et la beauté de la vie et du don. Mais il n’en reste pas moins que l’homme va être marqué par le don qui va le pousser à vivre des aventures, à aller vers des projets, à s’inquiéter de la vie politique ; et la femme va être marquée par la vie qui va l’amener à préparer son nid, à l’aménager, à le gouverner pour que l’on n’y manque de rien.
Il faut remarquer que, dans leur rapport, la vie est plus intérieure, et que le don est plus extérieur. Ce qu’il y a dans le don, c’est la vie, c’est elle que l’on communique. Et la vie va chercher à se donner, à se répandre. Elle va s’entourer du don pour se déployer. La femme va donc avoir une connivence plus grande avec l’intériorité, et l’homme avec l’extériorité. Non pas que l’un ou l’autre soit exclu d’une de ces réalités, mais l’homme et la femme vont avoir chacun une responsabilité plus grande dans l’une ou l’autre de ces réalités. Cela est vrai aussi bien dans le domaine matériel, que dans le domaine psychologique, que dans le domaine spirituel. Chacun de ces domaines renferme une notion d’intériorité et d’extériorité. Pour le domaine matériel, c’est plutôt l’homme qui s’occupe des gros œuvres de la maison et la femme de l’aménagement. Pour le domaine psychologique, l’homme a une plus grande affinité envers le corps et les sens extérieurs, et la femme envers les passions, les sentiments, l’imagination et tous les sens intérieurs. Pour le domaine spirituel, nous l’avons dit, l’homme va avoir une plus grande affinité pour le don, et la femme pour la vie.
Mais chacun a besoin de l’autre aussi dans les lieux où il est plus à l’aise, car que serait un don sans vie, ou une vie sans don. Et cela est vrai pour toute les réalités plus propres à l’un ou l’autre sexe.
Dans la réalité de la famille, du fait de sa préférence pour le don, l’homme va être plus généralement sensible à la réalité conjugale et donc à la présence de l’épouse, car elle est cette partenaire du don réciproque qui ouvre à tous les autres dons. La femme, elle, va avoir une plus grande attention envers les enfants, car ils sont éminemment cette vie qui se déploie dans l’existence familiale.
Il n’y a pas à trouver que la vocation masculine ou la vocation féminine serait supérieure à l’autre, car la vie et le don sont deux réalités qui sont toutes deux des splendeurs et qui ont besoin l’une de l’autre pour s’épanouir dans la beauté et l’harmonie. Mais il faut contempler la vie qui se donne et le don qui enfante. Il faut nous émerveiller de la vie qu’il nous est donné de vivre, pour vivre dans le don, et y trouver notre joie et notre plénitude. Notre fréquentation et notre contemplation du masculin et de féminin nous permettra d’entrer davantage dans ce profond mystère. Et il nous faut apprendre de l’autre sexe pour devenir grâce à lui à l’aise dans ses domaines de prédilection, et pour devenir vraiment complémentaire dans la réciprocité.
« Nous avons connu l’amour, en ce qu’il a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. » 1 Jn 3,16.
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