« Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. » Jn 7, 38.
Le Christ est ressuscité !
Et le Seigneur Jésus s’approche de nous et nous appelle à lui, car il veut nous donner la vie en abondance. Elle a jailli du tombeau ! Et il veut se servir de nous pour la répandre dans le monde.
Mais qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce donc que cette chose si précieuse que l’on cherche à garder, tout en étant capable de la gaspiller grandement ?
La vie est ce puissant dynamisme qui fait que l’être se déploie dans ses diverses potentialités. C’est une disposition profonde de toute chose pour sa propre réalisation. La vie est encore plus fondamentale que le vouloir ou la vertu. Le vouloir accompagne la vie en l’orientant dans le choix du bien. La vertu est le dynamisme de nos diverses facultés, là où la vie est le dynamisme de l’être. Nous prenons ici la notion de dynamisme dans le sens d’une disposition stable pour se réaliser dans sa finalité.
La vie est analogique, elle admet une multitude de réalisations selon les différents êtres concernés. Il y a la vie du Cosmos qui se laisse voir dans son orientation vers l’avènement du vivant. Il y a la vie des végétaux que l’on caractérise par leur âme qui n’est que matérielle et point spirituelle. Il y a la vie des hommes qui est d’abord spirituelle tout en se déployant aussi dans le monde matériel. Il y a celle des anges qui est purement spirituelle. Et il y a celle de Dieu qui se déploie dans une éternité au-delà de tout temps dans sa plénitude d’être et de spiritualité.
Le composé de spiritualité et de matière des hommes est un cas à part, source de beaucoup de merveilles. Ce qui se passe dans la spiritualité se fait avec des choses dans la matière, et ce qui se passe dans la matière entraîne des choses dans le monde spirituel. Dans nos vies humaines, la vie qui se déploie dans la matière est en même temps le signe de ce qui se passe dans notre vie spirituelle. Et c’est aussi l’instrument d’échanges spirituelles.
La vie des êtres spirituels est comme un arbre. « Ils ressemblent à des arbres et ils marchent. » (Mc 8, 24). Elle connaît un fondement et un achèvement. Elle se déploie dans l’existence et elle se repose dans l’être. Elle sous-tend toutes nos facultés dans lesquelles elle s’exprime. Elle est un flot qu’il faut soigner et canaliser comme une rivière.
Les hommes et les anges sont incapables de déployer leur vie propre en monade solitaire. Ils ont besoin des autres : de Dieu d’abord, mais aussi des créatures.
Dieu est cet absolu d’où tout provient et où tout retourne. Il est notre fondement et notre achèvement. Il est là dans toute la vitalité de nos existences et dans tous nos repos paisibles. Il nous donne la vie : en propre, mais aussi par sa grâce pour que nous nous déployons au-delà de ce que nous pouvons faire par nous-mêmes. Car, par nous-mêmes, nous ne pouvons que nous replier comme des arbres avortés. Dieu nous donne la vie ; à nous de la recevoir, d’en vivre et de nous redonner à Lui pour goûter cette joie profonde de la vie en plénitude avec Lui. Ce mystère de la vie est une merveille que nos intelligences ne se lasseront point de contempler.
Mais nous avons aussi besoin des autres, car tous nos échanges sont autant de moyens pour réaliser des déploiements de vie dont nous sommes incapables tout seul. Nous nous donnons les uns aux autres par toutes nos activités et réalisations l’occasion de faire jaillir la vie. Il faut goûter cette joie profonde de la vie qui coule comme une source dans chacun de nos cœurs par nos échanges mutuels pour former un fleuve immense, pour former un arbre immense. Un arbre de vie. Un arbre de vie qui ne peut vraiment se déployer qu’en étant uni à l’Arbre de Vie qu’est Dieu. Le Christ, Dieu fait Homme, est l’Arbre de Vie sur lequel nous sommes tous greffés pour former cet Arbre de Vie de la Divinité. Non pas que nous soyons Dieu, mais parce que Dieu en Jésus-Christ nous donne de vivre de la vie même de Dieu.
Il faut se reposer sur cette vie. La sentir vive au fond de notre cœur. Goûter dans le silence combien tout est vivant. Et il faut œuvrer pour permettre à la vie de se répandre dans des échanges de dons réciproques pour que tous goûtent la vie en abondance dans une joie immense.
La vie est un mystère. La vie est un cadeau. Si nous voulons la saisir ou la comprendre, elle nous échappe. Si nous la contemplons et la servons, elle se dévoile à nous. Et quand nous nous l’échangeons les uns aux autres au travers des multiples possibilités de notre humanité, nous entrons dans une joie profonde que rien ni personne ne peut plus nous enlever.
La vie qui s’épanouit donne de beaux fruits qui réjouissent le cœur. Et quand vient le moment de l’épreuve, si la lumière de la vie est ardente en nos cœurs, rien ne peut arrêter son flot impétueux qui nous mène jusqu’en paradis.
Le Christ à la Croix nous donne sa vie, car il pose à ce moment-là, dans l’épreuve venue de tous nos refus d’aimer, tous les actes d’amour et de miséricorde pour transformer le monde. Et parce qu’il scelle là ses noces avec nous : nos vies sont unies à la sienne pour toujours dans un mystère d’amour. Cette vie éclate à la Résurrection, qui est aussi notre destinée, là où l’amour a tout emporté dans des échanges sans fin et une joie sans borne.
Le Christ est ressuscité ! La vie a jailli du tombeau !
Alors, maranatha ! Viens Seigneur Jésus ! Nous voulons vivre de ta vie, dès maintenant et pour toujours.