Bâtir la Civilisation de l’Amour

« Je suis venu jeter le feu sur la Terre, et quel n’est pas mon désir sinon qu’elle brûle. » (Luc 12,49)

« La civilisation de l’amour l’emportera sur la fièvre des luttes sociales implacables et donnera au monde la transfiguration tant attendue de l’humanité finalement chrétienne. »
Homélie de Paul VI le 24 décembre 1975

« Face à cette culture de mort, notre responsabilité de chrétiens doit s’exprimer par la « nouvelle évangélisation », dont la civilisation de l’amour est l’un des fruits les plus importants. En son centre se trouve la reconnaissance de la valeur unique de tout être humain. »
Audience de Jean-Paul II du 15 décembre 1999

« L’Amour de Dieu enveloppera le nouveau siècle. Ce sera comme un temps de grâce, comme l’accomplissement d’un dessein d’amour pour toute l’humanité et pour chacun de nous… N’ayons pas peur ! Ce n’est pas un vieux monde qui se termine, c’est un Nouveau Monde qui commence. Une nouvelle aurore semble naître dans le ciel de l’histoire. »Jean-Paul II, 19 novembre 1997

« Jésus nous invite à construire ensemble la civilisation de l’amour dans les situations qu’il nous arrive de vivre chaque jour. »
Pape François, 18 juillet 2018

La civilisation de l’amour semble être une promesse du christianisme. On peut se référer à ce sujet au livre de Patrick de Laubier, La civilisation de l’amour selon Paul VI. Il y a en germe dans notre foi l’avènement d’un monde de paix et de justice, où la foi ne sera plus l’affaire de quelques uns, ou de quelques endroits dans l’histoire, mais imprégnera jusqu’aux structures même du monde. Il y a en germe un temps béni où l’idéal de paix, de justice et d’amour de l’Évangile se rendra visible dans une civilisation qui aura reconnu la Seigneurie de Dieu en Jésus-Christ. Ce monde ne semble pas être seulement pour l’au-delà, ou seulement d’une manière diffuse aujourd’hui, mais il semble bien qu’il y aura un temps particulier de « civilisation de l’amour ». Ce temps sera-t-il pour la fin de l’histoire ? Sera-t-il pour un temps long ou court ? Sera-t-il précédé ou suivi des grandes persécutions et du rejet de Satan ? Connaîtra-t-il lui-même encore des persécutions ? Est-il pour bientôt ou pour dans longtemps ? Il pose beaucoup de questions. Mais il reste que la foi chrétienne se veut de propager le Règne du Christ et de faire advenir un monde meilleur. Et loin d’être une utopie ou un idéal, la civilisation de l’amour est avant tout une réalité surnaturelle que Dieu peut donner dans le cours de l’histoire si tel est son bon vouloir.

Gandhi disait que la Bible « contient suffisamment de dynamite pour réduire en miettes toute la civilisation ». En avons-nous vraiment conscience ? Avons-nous vraiment conscience que l’Évangile encore aujourd’hui est en mesure de changer le monde ? De le changer radicalement ? De faire advenir un monde nouveau ? Un monde où ce ne soit pas l’argent, le plaisir, la puissance ou l’honneur qui prévalent, mais l’amour. Que nous manque-t-il finalement pour que cela advienne ? Nous avons les promesses de Dieu, nous avons sa grâce, nous avons le Christ, nous avons l’Esprit-Saint. Que manque-t-il ? Il manque peut-être un oui, un grand oui au projet de Dieu. Un oui qui soit inconditionnel, qui engage toutes nos personnes et les portent sur les chemins que Dieu veut. Pour l’Incarnation du Fils de Dieu, il a fallu le oui de Marie. Pour la civilisation de l’amour, il faut le oui du peuple de Dieu. Il faut qu’il adhère à ce projet, qu’il le porte dans son cœur, qu’il lui permette de prendre chair.

En 722, dans l’Espagne qui a été envahi, des résistants chrétiens prêtèrent le serment de Covadonga pour jurer qu’ils ne prendraient pas de repos avant d’avoir libérer la péninsule ibérique. Et ils ont fondé le royaume des Asturies, et ce fut le début de la Reconquista qui durera jusqu’en 1492, soit 770 ans plus tard. Ce qu’il nous faut peut-être aujourd’hui, c’est un serment qui nous engage, qui montre que nous sommes participants d’un même but : celui de faire advenir la civilisation de l’amour.

La logique de l’Évangile n’est pas une logique d’armée rangée en bataille, mais plutôt celle de tirailleurs dispersés, car celui qui gouverne à notre action en ce monde, c’est le Christ et c’est l’Esprit-Saint. Il y aura toujours diverses approches, diverses sensibilités, divers combats, divers centres d’intérêt, divers engagements. Il y a des œuvres plus spirituelles, d’autres plus sociales, d’autres liées à la famille, à la vie, au travail, à l’accueil de l’étranger, etc. Il y a bien des serviteurs de l’unité qui permettent au corps de rester uni, mais les idées, les projets et les initiatives viennent de partout.

Ce qu’il faut cependant, c’est que le but soit connu, identifié, et qu’il soit le même, pour nous stimuler et nous encourager, pour avancer dans l’unité. Ce but est celui que Dieu veut pour ce temps-ci, celui pour lequel il veut que nous engagions nos vies : bâtir la civilisation de l’amour. Que nous allions vers la prière ou l’action, vers le service ou la relation, c’est ce que Dieu veut faire à travers nous pour sa gloire. Et pour que nous sachions tous que nous avançons vers ce même but, il est bon d’avoir un serment commun. Il pourrait avoir la forme suivante :

« Sur mon honneur et avec la grâce de Dieu, je m’engage à bâtir en ce monde la civilisation de l’amour. Je m’engage, avec tout mon être et pour toute ma vie, à œuvrer pour étendre le Règne du Christ et pour qu’advienne un temps de paix et de justice. Je suis conscient que cela commence déjà à la maison, avec ma famille et mes proches, mais aussi que cela me demandera des choix exigeants qui m’entraîneront sur des chemins nouveaux pour servir Dieu et mon prochain, avec l’assistance de l’Esprit-Saint, des anges et des saints. »

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